Jusqu'où ira le CAPO Limoges ? Cette institution omnisports est le seul club du Limousin comptant des sections de natation artistique. Cette année, les inscriptions battent des records, et l'équipe des "Sirènes" réalise la meilleure saison de son histoire.
C'est une scène étrange qui se renouvelle régulièrement aux abords du Palais des Sports de Beaublanc. Une quinzaine de femmes, alignées comme un régiment, enchaînent ce qui ressemble à des pas de danse, dessinant des arabesques avec leurs bras, sautillant parfois, le port altier, d'une façon la plus coordonnée possible. Cet intrigant spectacle, semblable à un défilé de majorettes, constitue en réalité les répétitions des "Sirènes", l'équipe de natation artistique du club athlétique de préparation olympique (CAPO) de Limoges.
Cette institution est la seule, en Limousin, à proposer ce sport à ces adhérents. En 2024, ce pari s'est révélé plus que jamais payant : les inscriptions battent des records, et son équipe d'élite réalise la meilleure saison de son histoire, avec une qualification, en juin dernier, aux championnats de France.
Si les répétitions à l'extérieur des bassins, "à sec", peuvent surprendre les non-initiés, elles sont courantes pour les "Sirènes", section d'élite composée de dix-huit filles âgées de seize à vingt-neuf ans. "Cela leur permet de caler les mouvements sans avoir l'effort physique à faire dans l'eau, explique Noémie Marchat, leur entraîneur. Cela nous permet de travailler la précision des mains, des têtes, parce que dans l'eau, c'est plus complexe à corriger."
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Depuis 2017, le nombre de licenciées a presque quintuplé
L'harmonie, but de la natation artistique, est travaillée durant de longs mois : chaque ballet est répété pendant deux ans ! En juin dernier, les efforts des Limougeaudes ont été récompensés, avec une qualification inédite pour les championnats de France. "On monte dans les résultats depuis plusieurs années, quand même. On voit bien que le club commence à prendre de la place en compétition. On prend goût à la performance, poursuit la coach. Quand on prend un ticket pour le championnat de France, on n'a qu'une envie : c'est d'y retourner. Et on fera tout pour."
Au-delà de ce succès historique, le CAPO Limoges a su également attirer le grand public. Noémie Marchat a repris les rênes de la natation artistique du club en 2017. En l’espace de huit ans, la natation artistique est passée d’une trentaine de licenciées à cent quarante aujourd’hui.
"On s'entraîne au moins quatorze heures par semaine."
Ce travail de fond contribue à faire sortir de l'anonymat cette discipline extrêmement exigeante. Au cours d'une chorégraphie de trois minutes, par exemple, les nageuses passent la majorité du temps sous l'eau, sans respirer : "Cela demande d'être complet, notamment sur l'apnée, la musculation, d'être tonique, souple, d'avoir beaucoup de rigueur sur les entraînements, détaille Béthilie Bazin, l'une des nageuses artistiques du CAPO Limoges. On s'entraîne au moins quatorze heures par semaine."
On est plus qu'amies, c'est comme si on était des sœurs
Si l'osmose que demande ce sport se construit à l'entraînement, elle trouve aussi de solides fondations dans les liens qui unissent les nageuses. Avant d'être partenaires, les "Sirènes" forment une bande de copines. La plupart d'entre elles se connaissent depuis l'enfance. Elles passent leur temps libre ensemble, loin des piscines. "On est plus qu'amies, c'est comme si on était des sœurs, sourit Léa Demetz, l'une des "Sirènes". On passe toute notre vie ensemble, tous les grands moments de notre vie ensemble, on a évolué ensemble, et je pense que même quand on arrêtera, si on arrête, on continuera de se voir." Élodie Mainard, l'une de ses coéquipières, enchérit : "On se connaît par cœur, on sait qui est qui, qui nage, comment... On se reconnaît à nos pieds, à tout ! Et on est capable d'adapter sa nage aux leurs, de tous se synchroniser."
Leur investissement pousse même les "Sirènes" à entraîner les autres équipes du CAPO. Celles-ci vont des enfants, avec les sections des "Crevettes" et des "Planctons", aux séniors, surnommés les "Raies Manta". Leurs propres mères en font aujourd'hui partie. La preuve, sans doute, que cette aventure collective ne fait que débuter.
