Le Limousin n'accueillera aucune compétition olympique ou paralympique cet été. Pourtant, ses policiers seront pleinement mobilisés pendant cette période. Ce jeudi, Alliance Police Nationale appelle à un "jeudi noir" dans les halls de gare et d'aéroports. Ils se rassembleront notamment à Limoges et Brive.
Si vous traversez le hall de la gare de Limoges ou de l'aéroport de Bordeaux-Mérignac tôt ce jeudi matin, votre chemin croisera peut-être celui de policiers... en pleine distribution de flyers. Aucun lien avec la sécurité dans les transports publics, les forces de l'ordre manifestent en réalité leur "inquiétude" à six mois des Jeux Olympiques et Paralympiques.
Des jeux dont les répercussions se feront sentir jusqu'à Limoges, comme l'explique Laurent Nadeau, secrétaire départemental du syndicat Alliance Police Nationale : "Les policiers de toutes les villes de province vont monter à Paris où vont être appelés à aller sur d’autres villes. Donc il y aura un manque d’effectifs sur les circonscriptions comme Limoges, Bordeaux, etc."
L'intégralité des forces mobiles (CRS et gendarmes) seront mobilisées en région parisienne. Cela représente 30 000 policiers par jour. Quant aux agents de l'ex-sûreté départementale, ils seront appelés à assurer la sécurité des grands rendez-vous festifs de l'été : Francophonies de la Rochelle, Brive Festival, fêtes de Bayonne, Dax, Mont-de-Marsan, etc. "On ne sait pas quand, combien de temps. On ne sait pas où on va être hébergé, on ne connaît pas les cycles de travail… On ne connaît rien, rien n’a été acté."
Pour nous ce ne sera pas la fête, c’est tout le contraire. Les collègues sont rincés.
Laurent NadeauSecrétaire départemental Alliance Police Nationale 87
Conséquence : les agents de police ont l'interdiction de poser des congés sur toute la durée des Jeux Olympiques, entre le 24 juillet et le 11 août. « Trois semaines sans vacances, bloquées à 100%, c'est du jamais vu", soulève Laurent Nadeau.
Compensations et accompagnement
En contrepartie, le syndicat Alliance demande plusieurs compensations financières, à commencer par une prime exceptionnelle pour tous. "Une prime significative, pas des miettes… " , précise Laurent Nadeau. Le syndicat demande également le paiement défiscalisé de toutes les heures supplémentaires effectuées sur la durée des JO et la mise en place d'une indemnité d'absence pour les policiers déplacés loin de chez eux, d'un montant de cinquante euros par nuit découchée.
Enfin, l'organisation syndicale réclame un accompagnement social pour la garde des enfants de policiers. "Personne ne s’est posé la question des familles. Ceux qui ont prévu leur mariage font comment ? Comment vont faire ceux qui ont des enfants en bas âge ? » interroge Laurent Nadeau.
La sécurité en péril ?
Dans leur flyer, les policiers s'inquiètent également d'une "délinquance [qui], elle, ne prendra pas de vacances". "L’été dernier, ça a pété partout à Limoges. Pendant les émeutes (NDLR : déclenchées à la suite de la mort du jeune Nahel), il a fallu des CRS et des gendarmes mobiles. Cette fois, ils ne pourront pas venir. Nous, on ne sera qu’à 60%, parce que 40% des collègues seront ailleurs.", estime le représentant syndical.