Il aura fallu 13 ans à l’institution judiciaire pour déboucher enfin sur un procès, qui s’ouvre ce lundi au tribunal de grande instance de Paris. 13 ans d’attente pour les proches des 228 victimes, qui attendent la manifestation de la vérité autour des circonstances de l’accident.
Le 1er juin 2009, le vol AF447 à destination de Paris décolle de Rio. Aux alentours de 2 heures de matin, l’appareil traverse un orage et une atmosphère givrante. De la glace se forme sur les sondes Pitot, un outil qui permet aux pilotes de connaître la vitesse de l’avion.
A partir de cet instant, les informations dans le cockpit sont erronées, les pilotes multiplient les manœuvres. L’A330 décroche avant de s’abîmer en mer, tuant les 216 passagers et les 12 membres de l’équipage.
Une victime limousine
Pascal Linguet fait partie des 73 ressortissants français morts dans la catastrophe. Cet habitant de Rilhac-Rancon, père de deux enfants, rentrait d’un déplacement pour le compte de l'entreprise CGED.
Au micro de France Bleu Limousin ce matin, son frère Philippe, vice-président de l’association "Entraide et solidarité AF 447", revient sur les longues années d’attente qui ont suivi le drame avant ce jour tant attendu. “C’est une grande victoire car au cours de ces 12 années qu’enquête judiciaire, avec enquête, contre-enquête, complément d’enquête, non-lieu et puis à la fin (...) la certitude d’avoir un procès…
Nous sommes passés par des hauts et des bas et nous, petite association de familles de victimes, face à deux entreprises multinationales comme Air France et Airbus, on était un peu David contre Goliath, le pot de terre contre le pot de fer”
Philippe Linguet, vice-président de l'association "Entraide et solidarité AF 447"
Connaître les circonstances du crash
Les 9 semaines d’audience qui s’ouvrent au tribunal correctionnel devraient permettre d’en savoir plus sur les circonstances du crash. Comment expliquer les défaillances de l’appareil ? Les pilotes étaient-ils suffisamment formés ?
Poursuivis pour homicide involontaire, le constructeur et la compagnie aérienne risquent une simple amende forfaitaire de 225 000 euros. Mais là n’est pas l’essentiel pour les familles de victimes. “Nous ne sommes pas revanchards, nous voulons la vérité, nous voulons que tous les experts techniques de tous les bords apportent leur point de vue et qu’un consensus se dessine (...) Si ce crash permet au moins d’améliorer la sécurité aérienne alors nos 228 disparus ne seront pas morts pour rien.”
Moment le plus attendu de ce procès pour Philippe Linguet : les témoignages des parties civiles, fin novembre. “Il y a pour les familles de victimes une vie avant le 1er juin 2009 et une vie après le 1er juin 2009. On ne remplace par un frère, une sœur, un père, une mère, un fils, une fille... et donc pour nous le chagrin il est éternel.”