Avec les élections municipales, nous voterons dimanche aussi pour des conseillers communautaires. A Limoges Métropole, la future majorité pourrait se dessiner dans des conditions peu lisibles pour les électeurs.
Les intercommunalités gèrent des domaines devenus très importants : transports, déchets, ou encore réalisation de grands équipements, comme l’Aquapolis de Limoges Métropole.
Avec plus de 200 000 habitants, 20 communes, et un budget supérieur à celui de la ville centre, cette "Communauté Urbaine" représente un enjeu politique majeur. Pourtant, il n’est pas simple de savoir qui sera à sa tête le 8 juillet prochain, date de l’installation du futur conseil communautaire.
3 scénarios pour la couleur politique de Limoges Métropole
Limoges Métropole compte 74 sièges de conseillers communautaires, dont 37 rien que pour Limoges.
Après le vote de dimanche, on peut imaginer 3 scénarios :
Si la gauche gagne à Limoges avec Thierry Miguel, la communauté urbaine est à gauche.
Si Emile-Roger Lombertie l’emporte largement, avec par exemple 60% des voix, il aura environ 30 sièges. C’est beaucoup, mais pas suffisant.
En effet, la plupart des petites communes auront un représentant de gauche. Pour être majoritaire, la droite doit au moins conserver Couzeix, 5 sièges, et gagner par exemple à Panazol, 5 sièges. Les résultats de ces deux villes seront observés de près dimanche.
Dernier scenario : la droite gagne à Limoges, mais d’une courte tête. Dans ce cas, il faudra sortir les calculatrices, et surtout se pencher sur les personnalités en présence.
Qui pour présider la Communauté Urbaine ?
Si la gauche l’emporte à Limoges, Thierry Miguel nous le dit clairement : "Limoges présidera l’agglo". Quant à avancer un nom, il explique simplement qu’il n’est pas personnellement pour "le cumul".
Si la droite gagne Limoges, le chef du parti Les Républicains et actuel premier adjoint, Guillaume Guérin, semble candidat pour le poste. Il explique même qu’il est capable d’aller au-delà des clivages, et cela même si la gauche était majoritaire en nombre de sièges au conseil communautaire.
Car en face, même en position de force à l’échelle de la Communauté Urbaine, la gauche pourrait se diviser. Comme candidat à la présidence, on peut penser à Gilles Bégout, réélu maire d’Isle (4 sièges). Mais il a pris ses distances avec le Parti Socialiste, et il n’apparaît pas forcément comme un rassembleur. Il y a aussi Pascal Robert, socialiste réélu maire de Verneuil-sur-Vienne (2 sièges). Mais il n’est pas sûr d’avoir le soutien, justement, de Gilles Bégout.
Tout cela n’est pas anodin, car ces questions de personnes peuvent faire basculer Limoges Métropole...
Le précédent de 2014
Lors des élections municipales de 2014, Limoges vire à droite, et pourtant, l’agglomération reste à gauche. Que s’est-il passé ?
Le scrutin était serré, toutes les voix comptaient. Le maire de Condat-sur-Vienne, Bruno Genest, était certes de gauche, mais aussi très fâché contre le Parti Socialiste qui lui avait opposé une concurrente à l'élection dans sa commune. Il s’est finalement rallié à la gauche, et il a obtenu un poste de Premier vice-président de l’agglomération.
S’en sont suivies des années de conflits entre Limoges et l’agglomération, avec d’importants dysfonctionnements pointés du doigt en 2019 par la Cour des comptes.
La balle dans le camp des électeurs ?
La question est aujourd’hui de savoir si la ville centre doit ou non diriger la Communauté Urbaine, à travers son maire ou un de ses alliés. Mais cette question n’est pas clairement posée.
L'expérience douloureuse de ces dernières années a peut être convaincu tous les acteurs de la nécessité de s'entendre.
L’avenir politique de la Communauté Urbaine semble en tout cas encore absent des débats, ce qui rend le jeu politique très peu lisible pour les électeurs…