19 degrés à Limoges ce jeudi 15 février : le dérèglement climatique rend les hivers plus chauds et les écarts de températures plus réguliers. Conséquence : certains insectes sortent plus tôt de leur hibernation. Ces changements ne sont pas sans effet sur les écosystèmes.
Punaises diaboliques, papillons, bourdons, abeilles charpentières, moustiques, tigres... vous avez peut-être déjà aperçu ces espèces ces derniers jours dans votre maison, jardin ou lors d'une balade dans un parc. Pourtant, ces petites bêtes devraient être en phase d'hibernation.
"Les punaises rentrent en octobre sous les écorces d'arbres ou dans les maisons pour passer l'hiver. Elles ressortent normalement en avril. Mais, maintenant, elles sortent dès le mois de décembre, c'est pareil pour les papillons", constate Régine Eliott, directrice de la cité des insectes de Nedde (Haute-Vienne).
Selon Laurent Chabrol, spécialiste des espèces exotiques envahissantes au CPIE de la Corrèze, il ne s'agit pas d'une prolifération "Celles qu'on voit ne sont pas issues d'une nouvelle ponte. Ce sont les mêmes que l'an dernier. Il n'y a pas eu de vague de froid alors, les punaises n'ont pas hiberné."
"Il y a des insectes qui vont geler et mourir"
Ces dernières années, les écarts de températures pendant la période hivernale deviennent plus importants avec des journées chaudes puis froides qui s'enchaînent.
"Selon les espèces, la population d'insectes peut diminuer ou, au contraire, être favorisée. Il y a des insectes qui vont geler et mourir parce que les températures ne sont pas constamment à quinze degrés. C'est le cas, par exemple, des reines chez les abeilles", explique Régine Eliott.
La pondaison dépend du climat. Des températures plus douces étendent donc le cycle de pondaison.
Certaines espèces vont pondre une fois puis mourir, mais maintenant, certaines espèces peuvent pondre plusieurs fois.
Régine Eliottdirectrice de la cité des insectes de Nedde.
Le réveil prématuré de ces insectes peut créer un décalage. "Certaines espèces, comme le papillon, ne vont pas trouver la nourriture qu'elles recherchent", complète Laurent Chabrol.
Des effets sur faune et la flore
Ces perturbations peuvent affecter l'homme. "Par exemple, si les guêpes et les frelons, qui sont des carnassiers, diminuent, les insectes végétariens vont proliférer. Ça peut avoir des conséquences sur les cultures, sur les plantes dans les jardins", avertit la directrice.
Les insectes sont à la base de notre environnement, chaque espèce joue un rôle primordial.
Régine Eliottdirectrice de la cité des insectes de Nedde
Ces changements pourraient donc avoir de lourdes conséquences sur les écosystèmes sur le long terme.
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Pour s'adapter, les insectes se mettent aussi à migrer. C'est le cas de la cigale qu'il est maintenant possible de retrouver à Limoges." Avant elle étaient en dessous de Brive. Mais, avec des hivers moins froids, elles peuvent se déplacer et monter beaucoup plus haut."