Dès la rentrée 2020, la première année permettant d'accéder aux études de médecine va être totalement transformée. Fin du numerus clausus, diversification des voies d'accès et des profils recrutés, abandon du "tout QCM"... Cette réforme d'ampleur reste encore floue. Où en est-on à Limoges ?
Pour les futurs bâcheliers qui souhaitent s'orienter l'an prochain vers des études de médecine, pharmacie, dentaire ou maïeutique (sages-femmes), c'est un peu l'incertitude. A quelques semaines de devoir remplir leurs choix d'orientation sur la plateforme Parcoursup, beaucoup ont le sentiment d'être mal renseignés sur la réforme des études de santé, qui doit s'appliquer dès septembre 2020.
Il faut dire que, si des décrets fixant un cadre d'application ont été publiés en novembre, l'organisation sera propre à chaque université.
Alors où en est-on à Limoges ?
Deux voies d'accès
Premier gros changement : il n'y aura plus une seule et unique voie d'accès aux études de santé. Finie la PACES, la première année commune aux études de santé, dont le concours final représentait un vrai couperet. La réforme prévoit désormais que chaque université propose au moins deux voies d'accès différentes, en fonction de ses possibilités.
A Limoges, les étudiants de première année auront le choix entre :
- le PASS (parcours d'accès spécifique à la santé) proposé en faculté de médecine
- ou une Licence avec option santé
Quatre partenariats ont d'ores et déjà été noués à Limoges avec les filières "Sciences pour la santé" (une nouvelle licence qui sera proposée à la faculté de médecine et comprendra deux options : biochimie du médicament ou santé publique), "Sciences du vivant", chimie et Staps.
Les étudiants devront d'abord valider leur année avant de pouvoir se présenter à l'examen final. Ils auront deux chances au total, avec une équivalence en 2ème année de licence en cas d'échec.
Des profils plus diversifiés
En élargissant les voies d'accès, la réforme entend diversifier le profil des étudiants recrutés. Il ne sera plus nécessaire d'avoir un profil 100% scientique pour accéder aux études de médecine et autres spécialités de la santé.
Des profils plus littéraires ou issus des sciences humaines pourront aussi devenir médecins.
A Limoges, la faculté de médecine pourra accueillir 600 étudiants dans la voie directe, le PASS, et une centaine d'étudiants en licence avec option santé. Sans compter les redoublants de cette année, environ 300. Une capacité d'accueil équivalente à ce qui se pratiquait jusqu'ici.
Un concours revisité
Autre révolution : la forme des examens, qui ne seront plus basés uniquement sur des QCM (questionnaires à choix multiples), mais intégreront des parties rédactionnelles, et - pour certains étudiants non sélectionnés directement à l'écrit - un oral dont les modalités restent à définir.
Par ailleurs, le programme sur lequel se basera l'examen final va être considérablement réduit : il concernera 100 heures de cours et non plus les 600 heures annuelles.
L'objectif est d'en finir avec le bachotage parfois caricatural. Même si l'ensemble des cours enseignés devra être validé pour pouvoir passer l'examen final.
Le terme de "concours" est laissé de côté, même si le classement - qui permet aux étudiants admis de choisir leur voie - persistera.
Former davantage de médecins ?
La fin du numerus clausus a un objectif très clair : augmenter de 20% le nombre de médecins formés. Il ne faut pas s'attendre, pourtant, à un accroissement immédiat du nombre de places disponibles en 2ème année.
Celles-ci seront désormais fixées par les universités en partenariat avec les ARS (Agences régionales de santé), en fonction des besoins en offre de soins du territoire et des possibilités d'accueil de l'université.
Un territoire comme le Limousin, concerné par les déserts médicaux, pourrait-il se voir attribuer plus de places ?
Selon Pierre-Yves Robert, le doyen de la Faculté de médecine de Limoges, rien n'est moins sûr. Car pour pouvoir former plus d'étudiants, il faut pouvoir leur proposer plus de stages en internat. Et celà coûte cher...
Beaucoup de doyens estiment que l'enveloppe de 9 millions d'euros annuelle sera insuffisante pour mener à bien la réforme.