A tout juste 21 ans, Marion Jude tutoie les sommets du billard mondial. Elle s’est imposée en finale du championnat du monde à Albi en individuel féminin. Mais dans sa vie n’a changé ou presque, interview d'une championne en toute simplicité.
Elle poursuit son parcours au plus haut du billard féminin. Après sa dernière victoire en championnat du monde de billard "blackpool" à Albi, la championne limougeaude revient sur ce titre.
- Quelques jours après ta victoire en finale du championnat du monde de billard blackball à Albi, comment te sens-tu ?
C’est difficile à réaliser. Je ne me rends pas compte. Je suis retourné au travail mardi matin et en fait ça n’a pas vraiment changé ma vie. Mes collègues m’ont félicité à mon arrivée quand même. On a prévu une soirée billard en fin de semaine. J’ai hâte.
Dans ma tête c’était inenvisageable de perdre
- Qu’est ce qui a fait la différence entre toi et la britannique Deb Burchell lors de la finale ?
Le plus difficile c’est de rester concentrée tout au long de la compétition. Les premiers matchs ont commencés trois jours avant. Sur la finale, je pense que j’ai été plus appliquée qu’elle sur l’ensemble de la partie. Dans ma tête c’était inenvisageable de perdre. Pendant la compétition j’ai dû sortir certaines camarades d’équipe de France, comme la grande Sabrilla Brunet, plusieurs fois championne du monde. Je me devais de tout donner. Mais surtout j’avais tout le public avec moi. Même si on est dans une bulle ça joue. Ca n’aurait pas été la même chose si ce match avait été en Angleterre.
- Est-ce que cette victoire va changer quelque chose dans ta vie de joueuse de billard ?
J’ai envie que le billard reste un loisir pour moi. Quand je joue un match, je ne joue pas ma vie. J’essaie de me construire à côté avec mes études et mon travail. En plus quand tu es une fille, les opportunités sont encore plus rares. Il faudrait que je déménage au Royaume-Uni, c’est là-bas que sont les grandes joueuses sont. Il y a des ligues professionnelles.
- Sens-tu un changement de dimension pour les femmes dans le monde du billard ?
Ça change petit à petit. Des femmes comme Sabrilla Brunet ont fait de grosses performances. La discipline se démocratise mais ça ne reste pas énorme. Pour quatre ou cinq filles qui ont un très bon niveau il y a des centaines d’hommes en France. Nous n’avons pas encore une place aussi importante.
Travailler dur, mais pas se prendre la tête
- Qu’est-ce que tu dirais à la jeune fille que tu étais il y a 10 ans, quand tu as découvert le billard ?
Je lui dirais de croire qu’on peut aller sur le toit du monde, qu’il faut travailler dur pour ça. Mais je lui dirais aussi de ne pas se prendre la tête en vérité. Moi je n’ai jamais cherché à faire de grosses performances. Ça c’est juste fait par ce que j’ai continué à travailler. Je dirais surtout qu’il ne faut pas que ça devienne une pression.