500 millions d'euros ont été alloués par le gouvernement pour la "renaturation des villes". Pour l'instant, le Limousin ne fait pas partie des bons élèves mais bientôt un plan climat contraindra les collectivités qui doivent désormais s'adapter aux évolutions de températures.
L'ancienne région Limousin semble être sur le chemin de la "renaturation des villes", autrement dit la réparation d'un écosystème naturel qui aurait été dégradé ou détruit.
Exemple dans le quartier populaire du Val de l'Aurence, à Limoges, les barres d'immeubles ont laissé place à un parc. À Tulle, en Corrèze, les seuils de la rivière ont été supprimés pour que cette dernière puisse s'écouler naturellement, et les berges ont été végétalisées. Quelques kilomètres plus loin, à Naves, une ancienne friche est réaménagée au bénéfice de la biodiversité.
En Limousin, des petites mains s'activent déjà pour tenter d'abaisser le thermomètre et ainsi répondre au "pack climat" signé par la ville de Limoges il y a quelques semaines. Petit tour d'horizon des initiatives régionales.
La Corrèze montre l'exemple
Un important projet de renaturation de la Corrèze a vu le jour entre 2016 et 2020. La rivière qui passe par le centre ville de Tulle est un atout majeur écologique, mais elle est encore mal exploitée. Le projet a donc pour objectif de supprimer les seuils de la rivière afin de la laisser s’écouler, et ainsi procéder au réaménagement du lit et à la végétalisation de berges. Les bénéfices du projet sont plus nombreux qu'attendus et se font déjà ressentir :
L'avantage par rapport au plan d'eau, c’est que l’eau s'écoule, donc il n'y a pas d'accumulation de températures qui pourraient amener des conditions plus chaudes la nuit. Le gros avantage aussi, c'est de ne plus avoir ces odeurs nauséabondes, ce qui permet aux riverains d'ouvrir les fenêtres la nuit et rafraîchir les habitations.
Olivier LefeuvreTechnicien rivières à Tulle Agglo
À quelques kilomètres, à Naves (Corrèze), seule commune écologiste du Limousin, des actions similaires se multiplient, à commencer par la végétalisation de la cour d'un centre aéré :
La première action qui s'est concrétisée dès que nous avons été élus en 2020, ça a été de remettre un peu d'espace vert dans cette cour. On a fait un aménagement qui permet de renaturer la cour en se servant des arbres. Ce qui leur a donné une seconde vie, car ils étaient moribonds parce qu'ils étaient encerclés par le goudron.
Hervé LongyMaire de Naves (EELV)
Le cimetière de la ville a aussi été remis en herbe et une ancienne friche a été réaménagée en un lieu profitant à la biodiversité où le fauchage est dorénavant raisonné. Une haie d'arbres locaux a aussi été plantée.
Un îlot de verdure au milieu des barres d'immeubles...
Le quartier du Val de Laurence à Limoges à vu fleurir un parc au milieu de ses barres d'immeubles :
On profite de la déconstruction de bâtiments qui ne sont plus adaptés pour en faire un espace de vie. On apporte du confort aux gens qui vivent à proximité et puis avec cette nature on va gagner en période estivale 2 à 3 degrés de confort dans chacun des logements qui se trouvent autour. L'espace vert absorbe la chaleur et renvoie l'humidité.
Cédric SousChef de projet développement durable ADEME
...et un îlot de chaleur en centre-ville
Même si la ville de Limoges a adopté il y a quelques semaine son "pack climat", visant notamment à abaisser la facture énergétique de chaque Limougeaud de 50% d'ici 10 ans, tout n'est pas encore vert.
Le réaménagement récent de la place de la République, au cœur du centre-ville est un contre exemple de renaturation des villes. Beaucoup de citadins pointent du doigt le "tout béton" de cette place et le manque de verdure. Au mois de juillet 2022, le thermomètre affichait 29 degrés à l'ombre et grimpait jusque 32 degrés au niveau du sol. Ce président d'association de défense de l’environnement critique les choix d'urbanisme :
Effectivement, ce n'est pas un exemple à montrer parce qu'on a plus d'ombre ou très peu. Une place comme celle-là, minérale, va stocker la chaleur et la renvoyer, donc ça va être assez étouffant. C'est pas quelque chose qui a été construit pour l'avenir. L'idée de prévention n'a pas prévalu dans l'aménagement de cette place.
Michel GalliotPrésident de Limousin Nature Environnement
Sur Twitter, les internautes n'ont pas manqué de réagir à la nouvelle Place de la République :