Depuis le 25 novembre, et jusqu’au au 10 mars 2024, le musée des Beaux-Arts de Limoges propose une exposition exceptionnelle sur l’Égypte, celle du XIXe siècle et celle antique, grâce à la fabuleuse collection du Limousin Périchon-Bey, et de bien d’autres pièces encore.
Parmi les trésors exposés au Musée des Beaux-Arts de Limoges (BAL), ceux de la collection égyptienne font partie des « chouchous » du public, avec près de 300 pièces présentées, de manière permanente. Mais le fonds égyptien du musée est plus pharaonique encore, puisqu’il s’élève à près de 2 000 pièces !
Une collection dont le musée, qui n’était pas encore le BAL, a « hérité », en 1931, d’un ingénieur originaire de Bessines-sur-Gartempe, en Haute-Vienne, Jean-André Périchon.
Diplômé de l’École des Arts et Métiers d’Angers, en 1879, Périchon rejoint en 1880 à Paris la société Cail, alors l’une des plus grandes entreprises françaises. Elle œuvre notamment en Égypte, où elle bâtit plus d’une dizaine de sucreries.
Et c’est ainsi qu’en 1885, Périchon est envoyé dans l’ancienne terre des pharaons, d’abord comme directeur de la sucrerie de Rodah, puis de celle de Mattaï, en Moyenne-Égypte.
Très vite, Périchon s’acclimate à ce nouveau pays, adoptant rapidement quelques traits locaux, comme le port du tarbouche, ou fez, ou s’essayant même à l’apprentissage de la langue arabe. En 1897, le Khédive (le vice-roi), le gratifie même du titre honorifique de Bey (gentilhomme, en Turc), qu’il associe alors à son nom, devenant Périchon-Bey.
Mais dès son arrivée, Périchon s’intéresse à l’histoire de l’Égypte, à sa topographie, et à ses sites archéologiques, notamment ceux entourant la sucrerie de Rodah, elle-même édifiée en partie avec des pierres provenant des antiques cités d’Antinoé et d’Hermopolis. Et c’est ainsi qu’au fur et à mesure, il constitue une impressionnante collection, le don au musée de Limoges ne représentant d’ailleurs que la moitié de celle-ci.
Une collection remarquable et très tôt remarquée, notamment pour la partie provenant de Moyenne-Égypte, moins connues des touristes que celles émanant des pyramides, ou des grands temples.
Et c’est ainsi que le BAL nous propose un double voyage dans le temps, via cette exposition, intitulée "Une vie en Égypte. Périchon-Bey et sa collection".
Un voyage double, car on plonge à la fois dans l’Égypte du XIXe siècle, au temps de Périchon, et dans celle antique, au temps des pièces exposées, de deux à trois mille ans avant notre ère, entre Thèbes et Memphis.
À celles habituellement présentées s’ajoutent près de 400 autres issues du fonds, ainsi que de nombreux prêts, émanant à la fois de différentes institutions (Musées royaux d’art et d’histoire de Bruxelles, Musée du Louvre), ainsi que de collections privées.
Aussi, nombre de ces œuvres n’ont jamais été vues du public !
De plus, deux autres expositions sont à côté proposées : celle d’une jeune artiste, Béatrice Sagaz, qui, travaillant le cuir, nous donne une vision de l’Égypte haptique (du sens du toucher), et celle de Thomas Duranteau, artiste, auteur et historien qui a beaucoup œuvré sur Périchon, et qui nous propose aquarelles et collages inspirés de la collection d’antiquités égyptiennes du musée.
Enfin, des ateliers, des conférences, des jeux, pour tous les âges, des visites particulières et même des concerts émailleront, jusqu’en mars, cette fabuleuse exposition du Musée des Beaux-Arts de Limoges, sur les traces de Périchon-Bey et des merveilles de l’Égypte antique.