L'Association Limousine Emplois Activités Services (Aléas) a repris sa première friperie en 2007, en faisant le choix de petits prix. Elle vient d'ouvrir une nouvelle boutique de 250 m² en plein centre-ville de Limoges, en surfant sur la tendance de la seconde main. L'association emploie 140 personnes, dont près d'une centaine en insertion.
Au centre-ville de Limoges, cet ancien supermarché reconverti en friperie XXL, est l'endroit idéal pour trouver la perle rare. C'est aussi le paradis des amoureux du vintage comme Jackylee : "On n'est plus à fond dans les années cinquante, rockabilly, musique, tout ça. On essaye de se faire plaisir comme on peut", avoue-t-il.
Le prix y est avantageux, de trois à six euros, de quoi attirer une clientèle variée. "Dans d'autres friperies, c'est beaucoup plus cher, constate Alice, une jeune cliente. Là, c'est accessible à beaucoup plus de gens, que dans les autres, où les prix sont à peu près les mêmes que dans les magasins style ZARA."
Une friperie pas comme les autres
La friperie se distingue des autres puisque toutes ses vendeuses sont en insertion. C'est le cas de Patricia Rahantamalala. Elle est arrivée en France il y a cinq ans. "Je suis très, très timide, avoue Patricia. Mais grâce à Christelle, maintenant, je trouve que ça va mieux. Elle est très gentille, elle m'a appris beaucoup de choses. J'ai plus confiance en moi, pas à 100%, mais j'ai beaucoup évolué grâce à elle."
Avec ses trente ans d'expérience dans le prêt-à-porter, Christelle Masseron, responsable de la boutique, s'occupe de l'encadrement de Patricia : "Avec les vendeuses classiques, le but, c'est le chiffre, c'est les objectifs, c'est de les coacher pour qu'elles vendent le plus de vêtements. Chez nous, ce n'est pas le but. Ce qu'on veut, c'est qu'elles s'investissent dans leurs projets", souligne Christelle.
Dix femmes en réinsertion
La friperie donne donc une seconde chance à ses salariés tout en donnant une seconde vie à ces vêtements. Mais avant d'arriver dans les rayons, les vêtements sont triés en zone nord de Limoges. Chaque jour, des centaines de kilos d'habits arrivent à la Ressource Rit : dons, collecte des bornes relais et débarras de maisons. "Sur les vêtements, on peut arriver à 400-500 kg par jour, c'est énorme", détaille Marie-Georges Nasseau, encadrant technique.
Cette ressourcerie emploie également une équipe de dix femmes en réinsertion. Elles s'occupent de trier, repasser et ranger les vêtements. Équipée de gants en plastique, Denise, employée à la ressourcerie, vide méthodiquement les poches des vêtements : "Il y a surtout des mouchoirs, mais jamais de l'argent", plaisante-t-elle.
Elle travaille vingt-quatre heures par semaine, ce qui lui laisse du temps pour passer son permis. Son objectif est de travailler dans l'aide à la personne. "C'est un peu compliqué de travailler et alterner avec les cours de conduite. Dans le monde du travail, les patrons ne sont pas vraiment flexibles pour ce genre de choses", regrette Denise.
Moteur de l'économie locale
L'association est un peu à l'étroit dans ses locaux. Le centre de tri déménagera bientôt dans un entrepôt de 800 m², avec à la clef, quatre nouveaux postes, payés à 90% par l'État. "N’importe quel parti politique, lorsqu'il arrive au pouvoir, l'insertion par l'activité économique, reste au niveau du ministère du Travail. C'est toujours une enveloppe qui reste tout de même conséquente et qui permet, justement, de lutter contre le chômage", explique Stéphane Gourier, directeur d'Aléas.
L'insertion ne connaît donc pas la crise. En quarante ans, elle est même devenue un pan essentiel du tissu économique local.