L'aménagement des rives de la Vienne à Limoges prend de l'ampleur en ce printemps 2024 : les travaux vont se poursuivre petit à petit jusqu'en 2027, d'abord rive droite puis rive gauche, afin d'offrir une continuité sur les berges. Un projet municipal à 14 millions d'euros qui trouve son public. Pour les défenseurs de l'environnement, le projet va dans le sens de l'histoire, mais doit veiller à préserver des zones sauvages.
Les bords de Vienne sont devenus un lieu très apprécié des Limougeauds pour leur quiétude. En ce mois de mai 2024, les rives sont en plein réaménagement. Déjà engagée depuis 2022, cette valorisation se poursuit avec la prairie de la Font Pinot qui sera l'une des réalisations les plus visibles, avec l'installation d'un grand escalier en bois et métal prévue pour le mois de juin afin que les piétons puissent descendre directement depuis la RN 520.
La prairie de la Font Pinot, le point central du projet pour la rive droite
Sur cette prairie, 150 arbres doivent être plantés. La municipalité a prévu un petit amphithéâtre face à la Vienne constitué de gradins en pierres de récupération, une aire de jeux pour les enfants inspirée de la pratique de la filature, mais aussi une zone événementielle où pourront se tenir des marchés et un terrain de sport (type badminton). Un parking de 70 places sera également aménagé avec des bornes électriques ainsi que des toilettes.
"On ne touche pas à l'eau, explique Jean-Paul Parrot, de la direction de construction et projets urbains à la Ville de Limoges. Au niveau inondations, on n'a pas aggravé les remblais, c'est-à-dire qu'on a baissé, on a même augmenté la capacité de débordement de la Vienne le jour où il y aurait une crue. On est suivis par la DDT [Direction Départementale des Territoires] sur ce sujet-là"
Un poumon vert qui a trouvé son public
Les équipes municipales ont travaillé sur une continuité d'environ 2,2 kilomètres entre le pont Saint-Etienne et le pont Georges Guingouin en collaboration avec l'agence de paysagisme BASE : co-fondée par un corrézien, ses équipes ont déjà œuvré sur les berges de villes comme Lyon ou Nantes.
Preuve de l'intérêt des Limougeauds pour ces berges, le succès de la Friche des Ponts dont l'édition 2024 est bien maintenue sur le même emplacement, mais cette fois sans parking.
Les travaux rive droite sont prévus jusqu'à mars 2025, la circulation des piétons est d'ailleurs limitée dans certaines zones. Le réaménagement de la rive gauche suivra et devrait s'achever en 2027. Cela fait partie des plus gros chantiers municipaux avec un budget de 14 millions d'euros.
C'est vraiment le poumon vert de la Ville : il y avait une volonté que les limougeauds se réapproprient la rivière et c'est le cas depuis quelques années. On se rend compte que cela fonctionne et on veut aller plus loin, que cela devienne un espace de convivialité, de sérénité, où l'apaisement du tumulte de la ville se fait.
Vincent Léonie, adjoint au maire en charge de l'urbanisme (PR)France 3 Limousin
Ce poumon vert est devenu indispensable alors que les canicules se multiplient. Pour Michel Galliot, président de France Nature Environnement en Limousin, le projet est bienvenu, mais il doit veiller à respecter au maximum les espaces naturels.
Les berges Goujaud, par exemple, vont être élargies (1,5 mètre en plus) avec du caillebotis métallique. "L'aménagement de l'espace pour les humains, c'est bien, détaille Michel Galliot, mais il faut aussi penser au vivant sauvage. Dans un espace comme ce gros massif, ils peuvent se cacher, on va avoir des oiseaux, des micro-mammifères, des insectes... Le sol n'est pas piétiné donc on a vraiment tout un espace. Effectivement, ça peut paraître un peu sombre, triste ou dangereux : les gens n'aiment pas quand ce n'est pas bien aligné, mais c'est ça, la vie!"
"On ne peut pas tout préserver parce que c'est trop difficile, répond Jean-Paul Parrot, il y a des moments où on est obligés de toucher à la nature, mais l'objectif c'est vraiment de préserver au maximum les richesses qui existent aujourd'hui, notamment les arbres de grande valeur"
Sous le viaduc SNCF de la ligne Limoges-Toulouse qui enjambe la Vienne, une passerelle permettra de faciliter l'accès aux personnes à mobilité réduite en limitant au maximum son impact sur la nature. La Presqu’île de la filature va de nouveau être accessible au public après nettoyage et réouverture d’un petit canal.