L’association AngouLim, chargée de la défense de la ligne ferroviaire entre Limoges et Angoulême, vient de saisir la Cour des comptes pour dénoncer l’absence de maintenance des voies. Un coup de pression supplémentaire alors que doit se discuter l’avenant mobilité au contrat de plan État-Région.
Ne nous oubliez pas. C’est en substance ce que signifie cette nouvelle action d’AngouLim, l’association qui se charge de défendre la ligne ferroviaire entre Limoges et Angoulême. Ou plutôt ce qu’il en reste.
En ordre de marche
En 2018, la ligne est fermée pour trois mois. Pour entretien. Six ans plus tard, toujours aucun train en ligne de mire, si ce n’est entre Limoges et Saillat-sur-Vienne, un tronçon rouvert en décembre dernier.
Les usagers de la ligne, réduite à cinq allers-retours en car entre Limoges et Angoulême la semaine, pour une durée pouvant aller jusqu’à 2 H 30, multiplient les actions pour se faire entendre.
Du 13 au 16 mars dernier, tout juste six ans après la fermeture de la ligne, ils ont marché entre Saillat en Haute-Vienne, Chassenon et Angoulême, une action appelée "La Marche du Rail". Et ont constaté les outrages du temps et de l’absence d’entretien de la ligne. La végétation a pris le pouvoir, les ouvrages d’art comme les ponts sont abîmés.
Gâchis d’argent public
Un constat qui aujourd’hui aboutit à la saisine de la Cour des Comptes "notre association a pu faire le constat d’une insuffisance caractérisée de maintenance conservatoire de la ligne ferroviaire Angoulême-Limoges, indique l’association au président de la Cour des Comptes, entraînant des désordres importants de l’infrastructure ferroviaire qui vont générer des travaux de plusieurs millions d’euros à la charge de la collectivité."
De l’argent public qui s’ajoute aux sommes déjà chiffrées pour la rénovation de la ligne. Une première étude faisait état de 125 millions d’euros, la dernière en date en 2023 de 242 millions d’euros. Presque le double.
Et ça aurait pu être évité avec de l’entretien. L’association précise "qu’une maintenance conservatoire raisonnable de la section ferroviaire Angoulême-Saillat-Chassenon de moins de 100 000 euros par an depuis 2018, date de la suspension provisoire de la circulation des trains aurait pu éviter de devoir engager une dizaine de millions d’euros de travaux de restauration de l’infrastructure."
Coup de pression
Si l’association multiplie les actions ces derniers mois, c’est en raison d’une échéance, toute proche. Durant la séance plénière des 13 et 14 juin prochains, les élus du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine vont voter une délibération dans le cadre de l'avenant mobilité au contrat de plan État-Région qui se poursuit jusqu’en 2027.
"Nous nous sommes engagés, nous le ferons, indique Renaud Lagrave, le vice-président de la Région en charge des Transports, mais que fera l’État ? Ça ne l’engage pas forcément sur un montant," précise-t-il.
De son côté, l’association AngouLim est plus confiante. "Quand la ligne a fermé en 2018, se souvient Bernard Peuch, le président de l’association AngouLim, les politiques ne voulaient plus de trains, on a laissé les petites lignes se dégrader, les trains prendre du retard, pour favoriser la route. Aujourd’hui, il y a un consensus autour du retour du train."
Et il ajoute, optimiste "On y arrivera, c’est le sens de l’histoire"
La question, c'est "quand ?".
Adrien Barrero, ancien usager de la ligne, ne cache pas son agacement. "Il y a des grands discours, des postures, dit-il. On n’a pas besoin encore d’études. Passons aux actes. Il faut décarboner le transport."
Car l’argent du contrat de plan État-Région servira à financer une nouvelle étude, afin de déterminer cette fois la nature précise des réparations.