Les urgences pédiatriques de Limoges, comme le service général des urgences, est en tension permanente. En soirée ou pendant la nuit, malgré la mobilisation des équipes, les délais d’attente peuvent s’allonger.
C’est une réalité quotidienne à l’hôpital : les délais de prisent en charge peuvent être longs. Les urgences sont particulièrement touchées, et cette tension existe également dans le service des urgences pédiatriques.
L’hôpital mère enfant de Limoges constate des difficultés au niveau de son service d’urgence. Les délais de prise en charge sont très variables.
C’est particulièrement vrai en soirée et durant la nuit.
Pour accueillir les patients un médecin senior est présent sur toute la nuit ainsi que 2 internes, un en pédiatrie et un en chirurgie-pédiatrie. Si un cas grave se présente, rapidement les prises en charge se compliquent.
Pauline Hangard, pédiatre - coresponsable des Urgences pédiatriques (HME de Limoges)
"C’est ça qui est parfois compliqué sur la nuit parce que c’est vraiment une priorisation du patient et effectivement typiquement quand on a une grosse réanimation, ce qui a été le cas cette nuit (nuit du 2 au 3 juin - ndlr), un patient qui arrive en état grave, forcément les autres patients vont attendre parce qu’on est seul et qu’il faut d’abord gérer le patient grave avant des gérer les consultations qui peuvent attendre."
Si l’interne de pédiatrie doit aller au bloc, par exemple pour une appendicectomie, alors les délais d’attente vont se rallonger.
P. Hangard
"Les patients ne sont pas laissés seuls, ils sont rapidement vus par une infirmière la nuit qui ont une bonne expertise et qui savent bien évaluer l’enfant grave et qui sauront me chercher s’il faut aller plus vite, mais effectivement, le nuit, on priorise."
Ça peut vite être tendu, y avoir du délai d’attente, mais c’est ce qui passe dans les urgences pédiatriques en France, ce n’est pas spécifique à Limoges
P. Hangard
Les urgences de l'hôpital de la mère et de l'enfant comptabilisent entre 80 et 100 entrées journalières. Une fréquentation nettement en hausse, + 30%, par rapport à 2021.
Le recours au service des urgences est plus fréquent, et pas toujours justifié. Mais parfois, les patients n'ont personne vers qui se tourner.
Alban Lastoudes, pédiatre - coresponsable des Urgences pédiatriques (HME de Limoges)
"En soirée et la nuit, pendant les gardes, il y a moins de personnels alors les gens ont tendance à se présentent à partir de 18h aux urgences. De plus en plus souvent les patients viennent pour des problématiques qui ne relèvent pas de l’urgence pédiatrique, mais plutôt de la médecine ambulatoire ou de la médecine générale
On va avoir beaucoup plus de gens qui vont venir pour des consultations qui ne requièrent pas les urgences pédiatriques
A. Lastoudes
"Il y a plusieurs raisons qui peuvent expliquer ce phénomène. La médecine de ville, qui est en souffrance, ne peut pas voir autant de patients qu’à une époque. Les usagers veulent aussi des réponses très rapides et les urgences sont un recours immédiat, où il n’y a pas besoin de rendez-vous."
"En parallèle, les urgences adultes sont aussi en souffrance et nous avons des urgences périphériques qui voyaient auparavant de la pédiatrie et qui en voient moins du fait de leurs problématiques internes, car ils ont beaucoup de patients, et qui donc nous adressent davantage de patients "
Heures supplémentaires et manque de personnels pour cet été
Pour cet été, les deux responsables des urgences pédiatriques savent que ce sera difficile. "Il y aura 4.5 équivalents temps pleins sur l’été, au lieu de 6 pour fonctionner de manière optimale", explique Alban Lastoudes. "On aura un nombre important d’heures supplémentaires sur l’été car nous ne sommes pas un nombre suffisants, mais cela c’est un peu une problématique classique de l’hôpital public en ce moment "
Pauline Hangard partage ce constat, pour le moment, la seule solution est de faire des heures supplémentaires. " On se posait la question pour décaler nos horaires sur du 18h / 22h pour qu’il y ait deux équipes, mais avec nos effectifs actuels ce n’est pas réalisable, clairement pas."
"On demande à avoir des moyens humains supplémentaires c’est surtout ça. Après on est en discussion avec la direction aussi pour essayer d’améliorer notre organisation, essayer de voir comment on pourrait limiter au mieux le temps d’attente des patients, essayer d’avoir une organisation optimale… Mais pour l’instant c’est surtout des moyens humains qui nous manquent. "