L'hôpital de jour Baudin à Limoges propose un programme de prévention des chutes pour les personnes âgées avec des activités pluridisciplinaires pour améliorer l'équilibre. Objectif : réduire les accidents qui entraînent, chaque année en France, 10 000 décès de personnes de plus de 65 ans et 100 000 hospitalisations.
"Les chutes, j’en ai fait ! Sept cassures en trois ans. Alors, de l’équilibre, j’en avais besoin. Comme j’ai de l’ostéoporose, la moindre chute, je suis cassée", témoigne Denise Mangeot, 82 ans. "Je marche mal, je ne lève pas assez les pieds et donc une marche, il suffit que je ne lève pas assez la jambe et je pars", renchérit Liliane Boulesteix, 76 ans. Ces deux dames suivent le programme "Parachute" à l’hôpital de jour Baudin, avec d'autres personnes âgées de 76 à 89 ans. Toutes ont été victimes de chutes à répétition ou de problèmes de déséquilibre.
Pendant deux mois, à raison de deux demi-journées par semaine, elles suivront ces séances pluridisciplinaires qui mettent l'accent notamment sur l'activité physique adaptée. "L’idée est de travailler tout ce qui est notion de renforcement musculaire des membres inférieurs. Plus les membres inférieurs seront musclés, plus la personne va tenir facilement en équilibre et sera autonome dans sa vie quotidienne, pour marcher, etcétéra", explique Jason Vergeaud, enseignant en activité physique adaptée.
Une kinésithérapeute les fait également travailler sur l'équilibre.
Plus on travaille l’équilibre, plus on va en gagner. Après, il y a aussi la marche, donc c’est pour ça qu’on le fait aussi en travaillant la hauteur de la marche avec les haies, la largeur. Par exemple, si vous vous tapez sur un trottoir, vous avez plus de chance de tomber si vous n’avez pas ces réflexes d’équilibre.
Manon Bernard, masseur kinésithérapeuteFrance 3 Limousin
Les patients sont orientés vers ce programme par leur médecin ou l'unité de prévention du vieillissement du CHU de Limoges.
Un plan national antichute lancé en 2022
À côté de la rééducation, des ateliers d'éducation thérapeutique sont proposés avec une ergonome sur la façon d'aménager son logement pour éviter les chutes. Lors de ces séances, l'ergonome rappelle des règles de la vie quotidienne : "Les tapis, vous vous souvenez, l’idéal est de ne pas en avoir. Si vraiment on en a, parce qu’on y tient beaucoup, on les fixe au sol."
Des ateliers avec une psychologue sont proposés pour évoquer la peur de la rechute qui conduit parfois à l'isolement. "Les gens ne sont pas détendus. En général, ils n’osent plus sortir, ils perdent en musculature, donc ils diminuent leur activité. (...) C'est un cercle vicieux en fait", détaille Anne-Céline Beaubiat, psychologue.
En France, chaque année, 3 millions de personnes âgées vivant à domicile font une chute, souvent synonyme de perte d'autonomie. Un vrai problème de santé publique. Pour la seule région Nouvelle-Aquitaine, on dénombrait, en 2020, 17 658 séjours hospitaliers pour chute et 1 146 décès.
30% des plus de 65 ans ont une problématique de chute. Il y a 10 000 décès par an liés à la chute en France. C’est énorme.
Dr Mamadou Touré, responsable de l'unité de prévention de la chute à l'hôpital de jour Baudin.France 3 Limousin
Un plan national antichute a été lancé il y a un an. Objectif : réduire de 20% le nombre de chutes mortelles d'ici à 2024, en misant sur la prévention.