Aucune analyse de sang ou autre test Covid n’est possible en laboratoire privé dans nos trois départements depuis lundi. En raison d’un mouvement de grève, ces établissements sont portes closes. Les biologistes protestent contre les 250 millions d’euros d’économie voulus par le gouvernement.
Ce lundi 14 novembre, au matin, ils étaient plusieurs à devoir rebrousser chemin face aux rideaux baissés. Certains usagers n’hésitaient d’ailleurs pas à dire leur mécontentement.
« On est à Limoges quand même, donc on ne va pas aller à Clermont amener nos analyses, si ? Je sais bien que c’est un mouvement national mais il devrait y avoir au moins un minimum. »
Une usagère
D’autres usagers, en situation d’urgence, décidaient de se rendre aux laboratoires des centres hospitaliers, au CHU de Limoges par exemple, ou à la Polyclinique de Limoges.
100% des laboratoires fermés en Limousin
Sur le territoire français, 95% des laboratoires étaient fermés ce lundi, mais 100% des établissements limousins sont concernés. Les personnels des laboratoires libéraux ont engagé un bras de fer avec le gouvernement. Dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale en 2023, l’Etat veut que les laboratoires lui reversent 250 millions d’euros par an. Cet effort financier concernerait tous les actes de biologie, pas seulement ceux liés au Covid.
« Contrairement à ce que dit le gouvernement, on n’est pas des profiteurs : effectivement, il y a eu une activité importante sur le Covid dans les années passées, (…) ça a coûté beaucoup au gouvernement c’est vrai, mais ça a coûté beaucoup aux laboratoires aussi, qui ont dû s’équiper. Ce n’est pas parce qu’il y a eu une activité importante, qu’il y a forcément eu des gens qui ont fait du profit là-dessus. »
Eric Sevin, Président des laboratoires Biolyss, représentant du Syndicat des Biologistes
Le plan de la Sécurité sociale prévoit de faire baisser le prix des actes et espère ainsi faire plus d’un milliard d’économies. Pour le gouvernement, cette mesure permettrait de compenser le chiffre d’affaires enregistré par les laboratoires depuis le début de la pandémie. La crise du Covid a rapporté 7 milliards d’euros au secteur.
« Il y a cette baisse exceptionnelle de 250 millions d’euros d’un côté sur une année, 7 milliards de bénéfices pendant le Covid, un milliard de bénéfices annuels avant le Covid... Il me semble que l’équilibre n’est pas au rendez-vous. »
Thomas Fatôme Directeur de la CNAM
Les syndicats redoutent que cette mesure soit pérennisée
Les chiffres ne sont pas contestés par les biologistes libéraux, mais ils reprochent au gouvernement de vouloir faire des économies, pas seulement sur les actes liés au Covid, mais aussi sur les analyses de routine. Ils craignent que cela mette en péril leur activité de proximité puisque cette baisse imposée des tarifs sur les actes courants auraient des conséquences sur les financements de leurs laboratoires, selon eux. Et enfin, les syndicats redoutent que ce qui n’est qu’une taxe exceptionnelle pour 2023 pour l’instant, ne devienne pérenne.
Ils ont indiqué que leur mouvement de grève sera reconductible.