La 26ème semaine européenne du handicap a démarré ce lundi 14 novembre 2022 et vise, notamment, à favoriser l'insertion et l'emploi. Rencontre à cette occasion de Mathilde Farge, 26 ans : son recrutement dans une enseigne de restauration rapide est une réussite pour toute l'équipe
Je suis très minutieuse et méticuleuse, pour moi c'est bien d'être comme ça. C'est une de mes qualités.
Mathilde Farge, employée du restaurant de restauration rapide KFC depuis 15 mois
Concentrée et appliquée, la jeune femme ne veut surtout pas faire d'erreur : "Mathilde, c'est un petit peu la chouchoute, elle a soif d'apprendre, donc tout le monde lui consacre du temps. Et en fait, elle réunit tout le monde sur ce côté formation, pédagogie...". Ainsi témoigne Paul Truong, l'un des coéquipiers de la jeune femme atteinte de trisomie 21, tandis qu'elle finit de préparer des salades.
Mathilde Farge n'est ni en CDI, ni en CDD. Pour décrocher un contrat de mise à disposition signé entre la chaîne de restauration rapide KFC et le centre de ressources régionales Trisomie 21, elle a dû suivre en amont, un stage d'observation. "On commence généralement par un stage pour s'intégrer dans l’entreprise, voir comment ça se passe et ajuster des petites choses. Si tout se passe bien et que l'employeur est aussi d'accord, on passe à ce moment-là sur un contrat de mise à disposition", explique Carine Dubrac, accompagnatrice au Centre de Ressources Régionales Trisomie 21.
"ça créé un bon état d'esprit dans l'entreprise"
Ce n'est pas la première fois que le KFC de Limoges accueille une employée atteinte d'un handicap. Entre 2012 et 2016, ils avaient déjà tenté l'expérience, qui se réitère depuis 15 mois avec Mathilde Farge. Un constat qui devrait inspirer d'autres entreprises selon Paul Truong, le superviseur du KFC de Limoges.
Et Loïc Médard, gérant de l'enseigne, d'ajouter : "Je pense que, nos entreprises, lorsqu'elles le peuvent, doivent s'obliger à intégrer des personnes avec handicap. Je pense que c'est nécessaire et que c'est une bonne chose, à la fois pour les personnes qui s'intègrent avec un handicap, mais également pour les équipes. "
Ça crée une stimulation dans l'équipe, un échange qui permet de voir des personnes qui sont différentes, je trouve que c'est important et ça créé un bon état d'esprit dans l'entreprise.
Loïc MédardGérant du KFC à Limoges
Sortir de l'isolement
Si cette activité rémunérée permet à la jeune femme de gagner de l'argent, c'est aussi un moyen évident d'insertion : avec ce travail, Mathilde n'est pas isolée.
Un modèle de fonctionnement économique qui permet de ne plus envisager le handicap par l'intégration mais par l'inclusion c'est à dire la participation sociale pour « empêcher qu’elles ne soient (NDLR les personnes en situation de handicap) isolées ou victimes de ségrégation » comme le prévoit l'article 19 de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées. .
"Le travail d'équipe, ça me plait, puisque c'est bien de travailler en équipe plus que en solo", confirme ainsi Mathilde.
Avec sa motivation et l'aide de ses collègues, Mathilde Farge devient, chaque jour, un peu plus autonome, et c'est déjà une victoire ! Prochaine étape, une embauche en CDI. Dans quelques mois, elle sera une salariée comme les autres.
Emploi et handicap, un parcours encore trop souvent difficile
À quand le plein emploi pour les personnes en situation de handicap ? Les derniers chiffres du chômage se stabilisent mais pas pour tout le monde.
Le taux de chômage des personnes en situation de handicap reste deux fois supérieur à la moyenne nationale (14% contre 8%).
Autre problème, les publics en situation de handicap sont au chômage plus longtemps que les autres : 59% des personnes en situation de handicap sont sans emploi depuis plus d'un an, selon l'APF France Handicap.