Cet été, des incendies dans des stocks de foin se sont multipliés en Haute-Vienne, ruinant parfois la totalité des fourrages stockés par les éleveurs. Investissements ou prudence, les éleveurs sont démunis face à ces accidents et aux démarches pour être indemnisés. On vous donne les conseils d'un assureur.
Ce dimanche 30 juillet, Pierre Plazanet a passé une nuit d'horreur. Devant lui, ses 5 000 tonnes de fourrage ont pris feu : "On a tout perdu. Jamais on avait réussi à remplir notre hangar avec notre récolte. Et tout est parti", se désole-t-il. Comme lui, l'éleveur Christophe Lechevallier du Puy Bonnieux près de Pageas a perdu plus de 200 tonnes de foin et 45 tonnes de céréales.
Ces incendies peuvent être provoqués par de simples accidents ou alors lorsque le foin est rentré trop humide dans les granges et hangars, ce qui n'est pas le cas dans les deux drames évoqués précédemment. La fermentation peut alors entraîner une combustion. Mais très souvent, ces incendies sont d'origine accidentelle.
Des aménagements trop chers
À Pageas, une étincelle dans l'atelier technique à côté du hangar aurait causé les premières flammes.
Seule solution pour se prémunir de ces accidents : réaliser des travaux pour séparer les stocks de fourrage des engins mécaniques, mais cela n'est pas toujours possible partout. De plus, cela demande des investissements conséquents que les éleveurs ne peuvent pas toujours se permettre.
Ce n'est pas bien, mais c'est ce qui nous coûte le moins cher.
Christophe Lechevallier, exploitant agricole à Pageas (87)à France 3 Limousin
Pour Christophe Lechevallier, l'idéal serait d'avoir différents endroits dédiés au fourrage, au bétail et aux engins : "Par souci d'économie, souvent, on fait un grand bâtiment où on y met le matériel, le foin, la paille et les vaches et même l'outillage. Ce n'est pas bien, mais c'est ce qui nous coûte le moins cher."
Quel remboursement ?
Les stocks de foin sont généralement assurés par les agriculteurs, soit par l'assurance du bâtiment, soit par celle de l'entièreté de l'exploitation.
Mais il reste un problème, les remboursements prévus ne couvrent, selon eux, jamais toutes les pertes endurées.
Pour Christophe Lechevallier comme pour Pierre Plazanet, les remboursements prévus sont loin de couvrir toutes les pertes. Dans la ferme de Collet à Vicq-sur-Breuil, le fourrage perdu représentait de quoi nourrir le bétail de l'éleveur pendant trois ans.
Les conseils d'un assureur
Selon Julien-Pierre Dauby, assureur dans l'agence Allianz d'Eymoutiers, "il faut faire attention au contrat qui est souscrit initialement." Pour cet assureur, bétail, foin ou récoltes sont remboursés au même titre, le montant de l'indemnisation dépend en réalité du nombre de capitaux qui sont déclarés au départ.
"Si un éleveur possède 25 bottes de foin sous son hangar, il faut qu'il calcule le nombre de bottes multiplié par le prix d'une botte. Ainsi, les pertes en cas d'incendie pourront être couvertes par le préjudice occasionné sans aucune sous-évaluation."
Mais Julien-Pierre Dauby se veut rassurant, au moment de souscrire à une assurance agricole, la démarche fait l'objet de calculs et d'un dialogue entre l'éleveur et la compagnie d'assurance. Le mieux est d'ailleurs de faire venir la compagnie d'assurance sur place pour aider à l'estimation en début de contrat, selon ce même assureur.