Le 30 août dernier, la procédure de réutilisation des eaux usées a été simplifiée par décret. Si certaines pratiques existent déjà en Limousin, les acteurs locaux de l'eau attendaient avec impatience cette mesure.
Face aux périodes de sécheresse de plus en plus fréquentes, voilà une mesure qui simplifiera sans doute la vie des particuliers et des collectivités territoriales. Le 30 août dernier, le Gouvernement a publié un décret visant à alléger la procédure de réutilisation des eaux usées. En Limousin, certaines pratiques existent déjà : délestés de certaines lourdeurs administratives, les professionnels du secteur vont pouvoir les généraliser.
De l'eau de pluie pour les toilettes
À Limoges, l'Office International de l'Eau réutilise l'eau de pluie depuis plus de dix ans. Sur la toiture du bâtiment accueillant l'organisme, une cuve de deux mètres cubes est installée. L'eau y est filtrée, désinfectée, avant de venir remplir les chasses d'eau des toilettes, pour une centaine d'utilisateurs par jour : "On compte cinquante mille tirages en quatre ans, donc une autonomie de plus de 80%, détaille Julien Louchard, directeur adjoint de l'Office International de l'Eau. On est quasiment indépendant avec une eau non-conventionnelle."
L'eau potable encore utilisée pour nettoyer les canalisations... d'eaux usées
L'idée de réutiliser les eaux usées ou de pluie n'est pas nouvelle. En comparaison avec d'autres pays, la France accuse même un retard significatif, : si l'Espagne et Israël exploitent respectivement 13 et 87 % de leurs eaux usées, chez nous, ce chiffre atteint péniblement 0,8%. Pour certains professionnels du secteur, il s'agit d'une aberration écologique. À Terrasson-la-Villedieu (Dordogne), l'entreprise d'hydrocurage Veolia doit prélever de l'eau potable pour déboucher des canalisations... d'eaux usées. Pour l'opérateur, la simplification décrétée par le gouvernement s'avère bienvenue : "Nous avons une grande ambition grâce à l'évolution de la réglementation", promet Jean Cantet, expert technique.
La disparition du pouvoir de blocage de l'Agence régionale de Santé figure parmi les mesures visant à simplifier la réutilisation des eaux usées. Autre changement : la durée de validité des autorisations, auparavant fixée à cinq ans, qui devient illimitée dans le temps.
En attendant, à Terrasson-la-Villedieu, la nouvelle station de traitement des eaux usées se dit déjà prête à livrer une eau recyclée. "Dès qu'on a le feu vert, on démarre, poursuit avec enthousiasme Jean Cantet. C'est une installation qui peut tourner pendant vingt heures d'affilée." Ici, arroser les espaces verts deviendra bientôt possible avec de l’eau réutilisée.
Limoges Métropole émet des réserves sur "les risques sanitaires"
Mais attention : eau usée ne signifie pas eau non traitée. Là encore, pour ce faire, les acteurs industriels ne manquent pas sur notre territoire. En Corrèze, la société UV Germi s'occupe par exemple de la décontamination bactériologique. Cet enjeu se révèle tellement important que Limoges Métropole souhaiterait que le décret se montre plus précis, notamment sur la question des polluants : "Aujourd'hui, il y a quand même des risques sanitaires, avertit Philippe Janicot vice-président de Limoges Métropole, chargé du Cycle de l'Eau. On doit avoir des barèmes assez précis pour savoir ce qui sort, ce qu'on peut réutiliser pour le nettoyage des voiries ou le nettoyage des réseaux d'assainissement."
La ville rejette chaque année quinze millions de mètres cubes dans la Vienne. Si elle est réutilisée, il faudra aussi qu'elle ne manque pas dans la rivière en période de sécheresse.