Il n'a quasiment pas plu depuis 33 jours en Limousin. Une situation anormale qui inquiète les spécialistes du climat, et de la biodiversité. D'où l'importance de préserver nos ressources en eau. En Limousin il n'y a quasiment pas de nappe souterraine. Ce sont les zones humides qui constituent nos réserves. Le Conservatoire des Espaces Naturels s'attache à les protéger.
Sur l'ensemble du Limousin, il n'a quasiment pas plu depuis 33 jours. Du 20 janvier au 20 février 2023, le niveau de précipitations est 10 à 20 fois inférieur à la moyenne des 30 dernières années sur nos trois départements. Une situation très inquiétante et qui ne laisse rien présager de bon pour l'été prochain. Il est donc, chez nous, d'autant plus important de préserver nos réserves en eau.
Or, avec un sol essentiellement granitique, le Limousin ne dispose quasiment pas de nappes phréatiques (une seule, petite, dans la région de Gouzon en Corrèze).
Chez nous, ce sont les zones humides qui garantissent nos réserves en eau.
Qu'est-ce qu'une zone humide ?
Une zone humide, c'est un terrain gorgé d'eau. Marais, marécage, tourbières, etc.
Elles constituent des écosystèmes bien spécifiques où faune et flore typiques s'épanouissent.
Erwann Hennequin est responsable de l'antenne haut-viennoise du Conservatoire des Espaces Naturels de Nouvelle-Aquitaine, il a donné rendez-vous à notre équipe sur la tourbière du Petit Moulin à Veyrac. Un milieu constitué il y a environ 3000 ans : "Dans une tourbière, la matière organique se décompose très mal, elle s'accumule. Et l'intérêt, c'est qu'on a une accumulation de carbone."
"Une tourbière en bonne santé a la capacité de garder l'eau. Et c'est également favorisé par la présence de certaines plantes. Notamment les sphaignes, composées de toutes petites feuilles et l'eau est conservée entre chaque petite feuille. On a de l'eau dans les plantes et on a de l'eau dans le sol. On a vraiment de véritables éponges. "
Comment les protéger ?
Le Conservatoire des Espaces Naturels de Nouvelle-Aquitaine gère plusieurs dizaines de milliers d'hectares de zones humides, notamment de tourbières, qu'il achète afin de les préserver.
Le CEN s'attache également à créer ou restaurer des zones humides naturelles, comme une mare dans laquelle faune et flore typiques se développent, assurant une richesse de biodiversité naturelle et ancestrale pour ces milieux en Limousin.
Plus de 2000 tourbières ont été dénombrées en Limousin, essentiellement sur le plateau de Millevaches où les sources sont très nombreuses. L'altitude et la faible densité d'habitants sont favorables à leur pérennité.
La réciprocité entre zones humides et cours d'eau
Tout près de Limoges, en plein bourg de Nieul, nous découvrons une autre zone humide, un marais. Il est traversé par la rivière Glane. Échanges et partages se font naturellement entre la zone humide et le cours d'eau : "Les zones humides alluviales profitent des eaux hautes l'hiver, c'est la rivière ou le ruisseau qui inonde la zone humide. Et l'été, c'est la zone humide qui va donner de l'eau au cours d'eau. Souvent, si on a encore de l'eau en juillet et août, alors qu'il n'a pas plu depuis deux ou trois semaines, c'est grâce aux zones humides" explique Erwann Hennequin.
Ces réserves d'eau sont donc essentielles pour la faune, la flore, mais aussi pour les hommes.
Leur préservation a fait l'objet d'une convention internationale dès le début des années 70, ratifiée par 171 pays.
Avec le dérèglement climatique, vous l'aurez compris, ces écosystèmes ont plus que jamais besoin d'être protégés.