Le 11 juillet 2021, dans le quartier de la gare à Limoges, un ressortissant afghan était tué de 18 coups de couteau. L'accusé, qui reconnaît les coups, mais pas l'intention de tuer, comparaît devant la cour d'assises de la Haute-Vienne depuis le début de la semaine. Au troisième jour d'audience, vingt ans de prison sont requis.
"Il s'est bricolé comme il a pu, entre abandon et rejet de sa famille", a souligné la psychologue qui a expertisé l'accusé. "Avec une prise en charge pour lui apprendre à gérer ses émotions, à les exprimer par les mots et pas par le passage à l'acte, sa réinsertion est possible", a-t-elle souligné à la cour.
Ce qui n'est plus possible en revanche, a plaidé ce mercredi matin l'avocate de la partie civile, c'est que son client, frère de la victime, revoit son frère. Et que les parents en Afghanistan, qui le pensaient en sécurité en France, revoient leur fils, tué le 11 juillet 2021.
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L'intention de tuer ?
Au-delà des émotions autour des destins de ces deux hommes, c'est la réalité des faits et leur qualification pénale qui devra amener les jurés à se prononcer. Dans son réquisitoire, l'avocate générale s'est adressée à eux : "Sommes-nous face à des violences avec usage et menace d'une arme, ayant provoqué la mort, sans intention de la donner, ou y a-t-il intention de l'accusé de porter des coups en sachant qu'ils peuvent donner la mort ?"
Pour la magistrate, des coups portés autour du cou, à la tête, dans le dos et dans la région du cœur et de l'abdomen, donc dans des régions létales, à dix-huit reprises, dénotent conscience des conséquences et donc, volonté de tuer. Elle a donc requis une peine de vingt ans de réclusion criminelle avec mandat de dépôt.
"Je n'ai jamais pensé que je pouvais le tuer, que j'avais pu le tuer, je demande à Dieu de me pardonner, j'ai enlevé la vie de quelqu'un qui avait une famille. Je demande pardon à sa famille". Citant les propos de l'accusé pour commencer sa plaidoirie, l'avocate de la défense, de son côté, soutenant la parole de l'accusé qui reconnaît les coups, mais pas l'intention de donner la mort, a demandé à la cour de requalifier les faits en violences volontaires avec armes, ayant entraîné la mort de la victime, sans intention de la donner.
Le verdict est attendu dans l'après-midi.