Le gouvernement vient d'annoncer l'assouplissement du déploiement des zones à faible émission. Des zones qui devaient exclure des plus grosses agglomérations les véhicules les plus anciens à partir de 2025. Socialement contestée, les ZFE ne concerneront finalement que cinq villes en France. À Limoges, les élus se réjouissent de cette décision.
Ils ont poussé un gros "ouf". Les élus de la métropole, le maire de Limoges, en premier lieu, ne cachent pas leur soulagement à l'annonce de la fin des zones à faible émission. " Il y a une suspension, c'est tant mieux, nous avons été entendus. Il faut maintenant réaménager les critères pour que les gens ne soient pas pénalisés. On ne se préoccupait que de l'ancienneté des voitures et pas des niveaux réels de pollution dans les villes concernées. Il y a des villes très polluées comme Rouen, d'autres comme Dijon ou Limoges qui sont sous les seuils" se réjouit le maire Émile-Roger Lombertie.
Même écho chez le président de Limoges Métropole. "Le combat des élus locaux a payé. Il était inimaginable que les populations les plus précaires soient les premières pénalisées par les ZFE" a-t-il réagi sur les réseaux sociaux.
En Haute-Vienne, 81 539 voitures avec des vignettes Crit'air 3, 4 et 5 étaient concernées, soit près de 34% du parc automobile départemental. Voitures qui n'auraient plus été admises dans l'agglomération à partir de 2025.
Après deux missions parlementaires, c'est finalement un rapport du comité de concertation nationale émettant 25 propositions pour allier transition écologique et justice sociale qui vient d'enterrer la première version des ZFE. Un rapport qui a donc préconisé de corréler les restrictions au niveau de pollution dans les agglomérations. Cinq villes sont finalement concernées : Paris, Marseille, Lyon, Strasbourg et Rouen. À Limoges, les niveaux de dioxyde d'azote et de particules liées au trafic routier ont respectivement baissé de 30 et 17% en 10 ans, faisant basculer la métropole sous les seuils.
" Un nouveau recul du gouvernement sur les questions écologiques et environnementales"
Pour les agglomérations, comme Limoges, qui n’ont pas encore mis en place de règles, la seule obligation est de restreindre avant le 1er janvier 2025 la circulation des véhicules les plus anciens (non classés Crit’Air), soit ceux de plus 26 ans, immatriculés avant 1997. Mesure qui ne concerne plus qu'un nombre tout à fait restreint de véhicules.
"C'est un nouveau recul du gouvernement sur les questions écologiques et environnementales qui sont souvent sacrifiées. On comprend que ça pose énormément de questions sur les dispositifs sociaux à mettre en place autour des ZFE. Mais, c'est quand même la seule politique publique, en termes de qualité de l'air, qui existe pour l'instant" se désole Delphine Rochet, porte-parole d'Europe écologie, les verts en Haute-Vienne.
Vers des aides ciblées
Quid de la suite ? Pour Guillaume Guérin, patron de la métropole, il faut désormais se tourner vers des aides ciblées, notamment pour faire évoluer le parc automobile des professionnels. Il est prêt à engager des financements à condition que l'État mette, lui aussi, la main à la poche. Il affirme également vouloir favoriser l'implantation d'une entreprise à Limoges dont l'activité consisterait à convertir des véhicules thermiques à l'hydrogène.
Pour rappel, les zones à faible émission avaient été initiées après la condamnation de la France par l'Europe et le Conseil d'État au vu du dépassement des seuils de pollution dans une dizaine d'agglomérations. Une pollution qui continue de causer plus de 47 000 morts par an.