Deux cents millions ! C’est le montant des économies que va devoir réaliser le ministère de la Culture en 2024. Conséquence : beaucoup de petites compagnies limousines, vivant déjà un contexte tendu, vont se retrouver sans moyens.
À Saint-Priest-Taurion (87), la compagnie du théâtre de l’hydre répète actuellement son prochain spectacle, dont le montage a déjà nécessité plusieurs mois de travail.
Avec envie. Mais aussi avec une certaine désillusion.
Faute de moyens, la pièce ne sera en effet jouée que quatre fois cette année. Trop peu au goût des artistes. Trop peu surtout pour pouvoir en vivre.
On ne peut plus faire les spectacles qu’on veut. On réduit le nombre d’acteurs à chaque fois et en plus, on n’arrive plus à se payer, on n’arrive pas à vivre. Les fins de mois ne sont plus viables.
Stéphane BensimonFondateur et co-directeur de la compagnie du Théâtre de l'Hydre
Surtout, depuis des années, ces petites compagnies voient leurs subventions diminuer, voire disparaître, au profit de superproductions.
Il y a les compagnies qui sont reconnues, celles qui sont bankables, celles qui sont installées, et à qui on donne beaucoup d’argent. Et puis il y a les petites compagnies, à qui on donne moins. C’est un monde à deux vitesses !
Clément DelpériéComédien et co-fondateur de la Cie du Théâtre de l'Hydre
Alors pour survivre, dans ces compagnies, chacun doit mettre la main à la pâte, pour l’écriture, pour les décors, pour les costumes.
Et puis il faut également s’adapter, et explorer des nouvelles scènes, comme la rue, où de plus en plus de compagnies sont obligées de jouer. Ce qu’à La Souterraine, la compagnie Les chevaliers d'industrie tente de prendre avec enthousiasme, sinon philosophie.
Ça nous arrive de jouer dans des granges, dans la rue. On voit une évolution actuellement, avec les jeunes compagnies. Après, la rue, c’est festif, ça a un sens, c’est l’endroit où l’on est encore plus motivé.
Estelle DelvilleCo-fondatrice de la Cie "Les chevaliers d'industrie"
S’il y a comme un retour aux sources, et que l’on peut le trouver joyeux, il est tout de même synonyme de grand péril pour le spectacle vivant.
Afin qu’il puisse continuer, le syndicat national des entreprises artistiques et culturelles vient d’interpeller députés et sénateurs sur ces baisses de budget dans le monde de la culture.