Si le monde agricole se féminise, le sexisme lui n’a pas disparu pour autant. Face à ce constat, le lycée agricole de Saint-Yrieix-la-Perche met en place un cours obligatoire à destination de ses étudiants avec un objectif : déconstruire les stéréotypes de genre.
Parler de consentement, d’intimité et de sexisme en classe. Voilà la petite révolution qui se déroule en ce moment au lycée agricole La Perche.
Parler, discuter, s'interroger
Dans cette classe composée majoritairement d’hommes, ce cours est bien reçu de la part des étudiants qui n’ont que rarement l’occasion d’aborder ce sujet. "Parfois, on a plus de facilités de parler à des inconnus que de parler à nos parents", explique Lucas l'un des élèves de la classe.
A travers la discussion et le débat, les étudiants sont invités à s’exprimer, mais aussi à remettre en question certains stéréotypes homme/femme encore très prégnants dans ce métier. Pour Timéo par exemple,
ceux qui sont le plus à la ferme c’est les garçons, les filles c’est souvent dans la paperasse
Timéo, élève au lycée agricole de Saint-Yrieix
Pourtant, et ce depuis plusieurs années, la profession se féminise. Aujourd’hui, on dénombre environ un demi-million d’agricultrices en France. Alors, les futures agricultrices sont bien déterminées à faire changer les mentalités.
Mathilde Buisson, en formation dans le lycée agricole, se souvient des premières remarques, notamment sur le fait d'avoir des enfants, qui ont pu lui être faites lors de son choix d'orientation. "Je ne pense pas qu'on poserait la question à un garçon", estime la jeune femme qui ne compte pas baisser les bras pour autant, bien au contraire.
Quand on lui demande si elle sera capable de faire de la mécanique cela ne fait aucun doute pour Mathilde qui répond simplement : "A partir du moment où je suis un être humain, fille ou garçon, j'apprendrai les choses et puis voilà ! "
Un manque de structures
Plus généralement, le Limousin manque encore de lieux dédiés à l’éducation sexuelle et à la lutte contre le sexisme. Ainsi, le planning familial, structure de référence pour ces missions, n'a pour le moment qu'une seule antenne sur le territoire, basée à Limoges. " Le milieu rural à besoin qu'on vienne et qu'on aborde ces sujets là. Pour moi, c'est offrir des espaces où l'on peut discuter, réfléchir, s'interroger et aussi trouver de l'information", souligne Johane Richand, animatrice coordinatrice du planning familial 87.
Dans cette perspective, une nouvelle structure locale s'installera à Saint-Yrieix-la-Perche au cours du mois de mars 2022.