Vendredi 3 et samedi 4 mars dernier, la Haute-Vienne et six autres départements néo-aquitains, ont dépassé le seuil d’alerte aux particules. Dans la région, ce premier épisode de pollution de l’air de l’hiver était suivi de recommandations. Ce système d'alerte est-il efficace et suivi ? Éléments de réponse.
La pluie devrait y mettre un terme définitif. Les précipitations prévues sur toute la région Nouvelle-Aquitaine, à partir de ce mardi 7 mars, se chargeront de faire retomber les particules problématiques, au sol. Déjà, dimanche, l’alerte avait été levée par la préfecture de la Haute-Vienne, car la situation s’améliorait nettement.
Mais pendant deux jours, les prévisions de particules en suspension (les PM10), ont dépassé le premier seuil de vigilance, appelé seuil d’information et de recommandation établi par ATMO, l’observatoire de la qualité de l’air en Nouvelle-Aquitaine.
En effet, vendredi 3 et samedi 4 mars, les prévisions tablaient sur plus de 50 ug / m3 de PM10 en moyenne journalière, le caractère de persistance sur deux journées provoquant ainsi le dépassement du seuil d’alerte. Ces mesures sont effectuées quotidiennement par ATMO sur 40 points géographiques de la grande région. L’observatoire de la qualité de l’air utilise également des outils informatiques permettant de surveiller et d’estimer la concentration de certains polluants.
L’épisode de ce weekend est le résultat de trois principaux éléments : les épandages d’engrais agricoles, qui ont repris courant février, les émissions produites par les chauffages domestiques au bois, accentuée par le froid, et enfin par des vents faibles, qui empêchent la dissémination des fameuses particules.
Ces épisodes sont vraiment conditionnés par la météo. Par exemple, en 2017, il a fait très froid en Nouvelle-Aquitaine : la quasi-totalité de la région a été touchée par des dépassements, sur plusieurs jours ou plusieurs fois dans l’année.
Julie Gault, chargée de communication ATMO Nouvelle-Aquitaine
Des épandages aux poussières sahariennes
L’an dernier, le 29 mars, ce sont les poussières désertiques du Sahara qui avaient provoqué l’épisode de pollution aux particules en Haute-Vienne, visible à l'œil nu par un nuage orangé persistant dont beaucoup se souviennent. Ces mêmes poussières sahariennes combinées aux chauffages au bois et au trafic routier avaient fait déclencher le seuil d’alerte à deux reprises en 2021 dans le département haut-viennois.
Des recommandations pas toujours relayées
Dans le communiqué de presse émis vendredi dernier par la préfecture de Haute-Vienne, une série de mesures restrictives étaient prises, comme l’abaissement de 20 km/h des vitesses maximales autorisées sur les voies. Mais les services de l’État émettaient également des recommandations sanitaires à destination des populations vulnérables et de la population générale. Il était, par exemple, recommandé de réduire les activités physiques et sportives intenses, dont la compétition.
Un message qui peine parfois à être relayé. Le district de football n’avait, par exemple, pas été informé de la situation, tout comme les organisateurs du cross de Panazol, où de nombreux enfants et adolescents couraient ce samedi.
« Il a fait beau, les parents sont venus en masse avec leurs enfants. Je ne sais pas s’ils se sont posé la question, mais ça aurait été mieux qu’on soit informés. »
Gilles Rafesthain, président de la section athlétisme Pana-loisirs
C'est un tueur silencieux
Même s’il rappelle que la pollution de l’air a une incidence sur la durée, pas seulement lors des pics, cet exemple a fait réagir le Professeur François Vincent, pneumologue au CHU de Limoges.
« S’il avait été question d’eau insalubre, aurait-on laissé les gens boire ? »
Professeur François Vincent, pneumologue
Le médecin insiste : « La pollution est un tueur silencieux. Il faut bien faire comprendre qu’il faut absolument qu’on améliore la qualité de l’air. Si on ne le fait pas, on risque de se retrouver dans des conditions bien plus redoutables qu’en 2023. » François Vincent rappelle que, ce ne sont pas seulement les 4 millions de Français asthmatiques et les autres personnes vulnérables qui doivent être sensibilisés à cette problématique. « Il ne faut pas attendre les pics de pollution aux particules fines pour avoir une réaction aiguë » dit-il.
Chaque année, on estime à 40 000 le nombre de décès prématurés liés à la pollution en France.