La proposition de loi « bien vieillir » a été adoptée ce mardi 19 mars à l’Assemblée nationale. Un projet qui suscite la controverse auprès des professionnels du secteur.
L’Assemblée nationale a approuvé, ce mardi 19 mars, le projet de loi « bien vieillir » par 177 députés contre 51. Une large adoption qui masque pourtant des désaccords. Car si la députée Renaissance Annie Vidal, rapporteure à l'Assemblée sur ce texte a indiqué le 12 mars dernier : "Nous apportons des réponses claires et pragmatiques avec cette proposition de loi", le PS, qui avait voté pour en novembre dernier, a cette fois-ci déposé une motion de rejet.
Elle doit encore être votée par le Sénat la semaine prochaine pour être adoptée définitivement par le Parlement.
« Bien vieillir »
De cette proposition de loi, on retiendra notamment trois axes :
- Une carte professionnelle afin de reconnaître le travail des intervenants à domicile ;
- L’inscription dans la loi du droit de visite des proches dans les EHPAD ;
- Accueil des animaux de compagnie des résidents sous certaines conditions ;
« On veut écrire des lois sur des choses qui existent déjà ! »
François Bonnet, qui dirigeait un EHPAD à Merlines en Corrèze, ancien correspondant de l’Association des Directeurs au service des personnes Âgées, tempête : « Pour le droit de visite, ça n’a jamais été interdit. On veut écrire des lois sur des choses qui existent déjà ! » Des propos confirmés par Véronique Demaison, à la tête de trois EHPAD à Couzeix, Panazol et Nieul en Haute-Vienne : « Cela existe déjà dans les faits ! Après la période de Covid, on s’est rendu compte que les visites l’après-midi, c’était plus confortable, car il y a notamment des soins le matin où l’on court plus après le temps. ».
Des animaux oui, mais pas dans les chambres
La médiation animale existe dans de nombreux EHPAD du Limousin. Véronique Demaison, également déléguée territoriale secteur médico-social FHF Nouvelle-Aquitaine, accueille un chat suivi par des bénévoles à l’EHPAD de Nieul. Des animaux qui ont un effet apaisant, bénéfique, cependant, si le résident devait avoir un chien dans sa chambre :
« Que les résidents aient un animal à eux poserait un problème d’hygiène notamment. Qui s’occupe du chien ? Ce ne sont pas des appartements que nous avons, mais des chambres de 22 m² que l’on essaye de ne pas surcharger en meubles pour éviter les chutes. Qui va le promener ? Qui va le nourrir ? Quand le résident n’est plus là, qui prend en charge l’animal ? »
« C’est une loi de cosmétiques ! »
« Sans financement, ce ne sont que des mesures superficielles ! En termes d’effectifs dans les EHPAD, La France est le pays d’Europe du Nord le moins bien doté en personnel. » Pascal Le Bihanic, membre du Conseil de la Vie Sociale qui regroupe quatorze organisations professionnelles et d’usagers sur l’évolution de la démocratie médico-sociale, ne décolère pas.
Quand vous avez quelques minutes pour réaliser une toilette complète d’un résident dont certains ont des pathologies lourdes, c’est compliqué. Les équipes n’ont pas le temps de travailler, de se réunir pour parler du respect des droits humains. Bref, c’est une loi de cosmétiques !
Pascal le Bihanic, membre du Conseil de la Vie Sociale
Les professionnels contactés par nos soins dénoncent le manque de moyens chronique empêchant une « prise en charge humaine de nos ainés ». L’ancien correspondant corrézien de l’Association des Directeurs au service des personnes Âgées, François Bonnet d'enfoncer le clou en expliquant qu’aujourd’hui « la situation des EHPAD publics est critique. Nombre d’entre eux ont des trous financiers. ».
La loi « grand âge » promise par Emmanuel Macron en 2018 a été maintes fois reportée. Elle pourrait être présentée au Parlement avant la fin de l’année 2024. Un texte très attendu dans la centaine d'EHPAD du Limousin, rappelle la directrice d’EHPAD Véronique Demaison : « C'est tout un modèle à revoir pour prendre en charge la population. On va vieillir plus longtemps, mais pas forcément en bonne santé. Tout cela, il faut l’anticiper. ». Cqfd…