"Tout a été fait pour qu’on prenne la sortie" : ces six élues d'une petite commune nous expliquent pourquoi elles ont démissionné

À Nantiat, en Haute-Vienne, six femmes ont démissionné de leur poste de conseillère municipale début janvier. En cause, le manque de concertation ou encore la gestion des finances. Explications.

"Tout a été fait pour qu’on prenne la sortie", c’est le cri du cœur de l'une des six élues de cette petite commune de Nantiat qui ont démissionné de leur poste en ce début d’année. La colère, l’impuissance et l'incompréhension rongent ses anciennes adjointes. 

Petit à petit, les choses se font parce que vous êtes tenues à l'écart. Vous êtes élues et vous ne savez même pas ce qui s’y passe. Ça perd de l'intérêt.

Nathalie Roche

Conseillère municipale (sans étiquette) démissionnaire.

Depuis deux ans, elles estiment ne pas être entendues. Mais ce n’est pas le même son de cloche du côté de la municipalité. 

Il n'y pas de guerre, juste un peu d'incompréhension et un manque d’échange. C’est comme dans les familles, des fois, c’est un peu difficile, un peu douloureux et aléatoire.

Stéphane Veyriras

Conseiller municipal PS, ville de Nantiat.

"Ça démotive"

Dans une lettre ouverte, distribuée aux 1600 habitants de Nantiat, ces femmes dénoncent le manque de concertation avec le maire et ses adjoints. "Quand on se heurte à des murs, au bout d’un moment, ça devient vraiment compliqué. Ça démotive et c’est vraiment ce qui est arrivé sans dialogue ni communication. On n’arrivait plus à être constructif", déplore Frédérique Gainant, Conseillère municipale (sans étiquette) démissionnaire.

Selon elles, le conseil municipal est réduit à une chambre d’enregistrement. Si le maire et ses adjoints n'ont pas répondu à notre équipe de reportage, les soutiens à l'élu existent. Raymond Desmoulins, l’un des conseillers municipaux, précise à notre micro "Il y a un vote, c’est bien la majorité qui l’emporte. Moi, si j’étais minoritaire, je me serais plié à ce qui a été dit".

Ce vendredi matin, les frondeuses ont été reçues par la sous-préfecture de Bellac pour s’expliquer. Ce 19 janvier, selon elles, les finances de la ville de Nantiat sont saines, mais les investissements pour la maison médicale et la future chaufferie engagent l’avenir. "On va faire des emprunts qui vont avoir un impact sur les finances de la commune dans un délai rapide, mais qui peuvent s'étaler jusqu'à trente ans", précise Chantal Piquet, conseillère municipale (sans étiquette) démissionnaire, qui confirme qu'elle ne veut pas être associée à ce projet.

Leur démission n’engage en rien de nouvelles élections, le maire peut poursuivre son mandat.