La lutte contre les bassines, ces retenues d'eau à usage agricole, essaime en Limousin. Un collectif a été créé ce 16 novembre pour informer sur les usages de l'eau.
BNM pour bassines non merci. Le collectif existait déjà dans les Deux-Sévres, dans la Vienne et dans le Berry. Il a, depuis ce mercredi soir, une émanation pour le Limousin.
L'objectif : soutenir la lutte entreprise à Sainte-Soline contre un chantier de bassine en cours et communiquer, alerter la société civile sur le problème de la gestion de l'eau.
Quels enjeux en Limousin ?
En Limousin, les enjeux ne sont pourtant pas les mêmes que dans le marais Poitevin. Il n'y a pas de bassines.
"Il y a tout de même des réserves de substitution, des retenues collinaires. C'est l'arbre qui cache la forêt. L'eau est pompée. D'après le BRGM, le Limousin est l'un des territoires les plus affectés en France au niveau de l’approvisionnement des sources et des nappes phréatiques ou plutôt des poches d'eau qui existent sur notre territoire" explique Jean-Pierre Chauffier, membre d'ATTAC87, des amis de la Confédération paysanne et du nouveau collectif.
Principale revendication : un moratoire sur le pompage excessif de l'eau.
Première cible visée : la ferme de Berneuil qui pompe de l'eau notamment dans le Vincou. Toujours selon Jean-Pierre Chauffier, "ce sont des gens qui s'accaparent l'eau pour une agriculture dont on ne défend pas du tout les valeurs. Ces grosses entreprises qui pompent l'eau le font au détriment de leurs propres collègues agriculteurs".
Plutôt clivante, l'intervention des collectifs sur le chantier de Sainte-Soline peut rebuter. Le collectif qui vient de se monter veut montrer patte blanche. "Nous ne sommes pas là pour faire peur. Nous ne sommes pas des illuminés, ni des anti-viande, ni des anti-irrigation. Nous voulons informer les gens, les élus qui sont mal informés. Il faut qu'on fasse de la communication. On va organiser des conférences, des débats".
Réaction évidemment mitigée dans le monde agricole
"On ne voit pas trop en quoi on est concernés par les bassines en Limousin, on n'a pas du tout le même système" explique Pascal Lerousseau président de la chambre d’agriculture de Creuse. "Nous avons des retenues collinaires, quelques réserves auxquelles nous tenons, car elles permettent l'abreuvement du bétail en été et quelques projets de maraîchage. Nous sommes confrontés à un problème, c'est que la même quantité d'eau tombe en Limousin mais pas du tout aux mêmes périodes que par le passé. Il faut absolument que nous fassions des stocks en hiver. On ne peut pas faire de l'agriculture sans eau".
Réaction beaucoup plus énervée de Bertrand Venteau, président de la chambre d'agriculture de la Haute-Vienne. Dans le département une trentaine de réserves d'eau de 10.000 mètres cubes ont été construites, de manière réglementaire, ces dernières années.
"Les projets qui ont été lancés et validés par les autorités vont se poursuivre quoi qu'il en coûte. S'ils viennent entraver leur bonne marche, ça ne va pas bien se passer. Je ne vois pas pourquoi il y aurait un moratoire. Aujourd'hui, il y a la loi et un cadre réglementaire déjà très contraignant. Je ne comprends pas la vocation de ces collectifs. En Haute-Vienne, les réserves d'eau servent pour irriguer les cultures qui permettent l'autosuffisance des fermes en nourriture pour les bêtes, un peu à l'abreuvement et aussi aux maraîchers. Grâce à ces aménagements, nous avons réduit notre ponction dans le réseau de 400 000 mètres cubes. On fait ce qu'on peut, on s'adapte. Il faut nous aider, pas être contre nous. Je rappelle que dans le contexte, il y a un enjeu, c'est l'autonomie alimentaire. Ce qu'on ne va pas produire ici, il va falloir le faire venir d'ailleurs, et ça ne sera sûrement pas mieux".
En Haute-Vienne, la députée Manon Meunier avait déjà porté le combat contre les bassines à l'assemblée.