Pour cette journée de découverte des métiers de l’agriculture, l’enjeu est double : offrir des opportunités de formation et d’emploi à des jeunes sortis du système scolaire, et permettre au monde agricole de renouveler ses rangs, alors que ce problème va devenir de plus en plus prégnant à très court terme.
Comme un fait exprès : quoi de mieux qu’une journée pourrie d’octobre, sous une pluie battante, pour découvrir le quotidien d’une exploitation caprine, du côté des Cars en Haute-Vienne ? Au moins, il n’y a pas tromperie sur la marchandise.
Les huit jeunes venus sont sortis du système scolaire, sans diplôme. Dans le cadre d’un contrat d’engagement jeune, dont l’objectif est d’initier différentes démarches en lien avec la construction d’un projet professionnel, ils sont à la recherche d’une vocation, ou au moins, de perspectives.
Une journée pour susciter des vocations
Pour ce faire, l’ERIP (espace régional d’information de proximité du sud Haute-Vienne) leur a concocté une double visite ce 1er octobre, dans l’exploitation donc, puis au centre de formation professionnelle et de promotion agricole (CFPPA) qui dépend du lycée agricole de Saint-Yrieix-la-Perche.
Pour Flora Martin, de l’ERIP, l’enjeu est double : "L’échange avec l’agriculteur permet aux jeunes de s’immerger dans son quotidien, de connaître son parcours, ses activités. Puis le CFPPA leur apporte des informations sur les formations, à la découverte des opportunités d’emplois. Ils peuvent ainsi construire leurs propres parcours. Et si nous proposons ce type d’actions, à des jeunes pas forcément issus du milieu de l’agriculture, c’est que le monde agricole est aujourd’hui le premier secteur qui recrute, en Haute-Vienne, et qui a un fort besoin de main-d’œuvre".
Une journée pour aider le secteur agricole
Ce sont les mêmes raisons qui ont poussé Anne Paraud, l’agricultrice chez qui étaient les jeunes, et le CFPPA, à participer à cette action.
Pour l’éleveuse, "si on n’ouvre pas nos fermes, comment les jeunes peuvent découvrir nos métiers ? Car il faut les attirer, notamment ceux qui ne sont pas issus du milieu agricole".
Selon elle, qui reconnaît des problèmes à ce niveau, "c’est non seulement important pour le renouvellement des générations, mais aussi pour l’évolution et l’avenir de l’agriculture. C’est vrai que l’on a des métiers compliqués, qu’il faut de la volonté pour les faire, mais c’est possible. Il y a des fermes à reprendre, il y a une diversité de secteurs, tout cela peut permettre à des jeunes de trouver la production qui leur correspond. On a vraiment besoin de cela, pour nous nourrir d’une part, et assurer l’avenir de nos campagnes d’autre part".
Même son de cloche chez René Fauché, le directeur du CFPPA de Saint-Yrieix : "Il faut faire connaître les métiers de l’agriculture, parce qu’on a une demande très forte au niveau salariat, dans tous les secteurs du monde agricole. Une demande surtout sur un salariat formé. On travaille aujourd’hui différemment d’avant, les technologies ont changé, il y a des drones, de l’informatique, il faut aussi être formé à cela. Dans les 4 à 5 ans, près de 50% des agriculteurs de la région vont passer la main, parce qu’ils arrivent à la retraite, et il va falloir combler ce vide, soit par de la main-d’œuvre salariée, soit par des personnes à installer. Mais on ne refera pas de l’installation un pour un. D’où l’importance de ce genre d’actions".
Peut-être que cette journée aura suscité une vocation chez les jeunes présents, mais du moins auront-ils découvert un secteur aux nombreuses formations et débouchés. Et si ce n’est pas eux, il y en aura sûrement d’autres. La prochaine session de ce type aura lieu dans le secteur de Saint-Junien, le 9 octobre prochain.