Affaire Bettencourt: confrontation tendue

Passe d'arme hier entre l'ex-gestionnaire de la fortune de la milliardaire et son ex comptable.

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Hier à Bordeaux, Patrice de Maistre, ex-gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, a été confronté à l'ex-comptable de la famille, Claire Thibout. Au coeur de l'affrontement, les 150.000 euros qu'il lui aurait demandés début 2007 pour Eric Woerth.

Fin de l'immunité de Nicolas Sarkozy

Cette confrontation est intervenue à quelques jours de la fin d'immunité de l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, alors que les juges d'instruction enquêtent sur un possible financement illicite de sa campagne de 2007.

M. de Maistre est incarcéré depuis le 23 mars à Gradignan (Gironde). Il a été confronté à Mme Thibout, l'ex comptable, à Pascal Bonnefoy, l'ex-majordome, auteur des écoutes qui ont contribué au déclenchement de toute l'affaire, et à Dominique Gaspard, une ancienne femme de chambre de Mme Bettencourt.

Les propos constants de l'ex-comptable

Mme Thibout semble avoir été la plus malmenée.

Elle a maintenu vendredi ses propos, constants depuis 2010. Selon elle, en janvier 2007, M. de Maistre lui avait demandé 150.000 euros pour " les remettre " à l'ex-ministre Eric Woerth, trésorier de campagne de M. Sarkozy. Elle n'avait donné que 50.000 euros à Mme Bettencourt pour qu'elle les remette à M. de Maistre. Ce dernier lui avait déclaré quelques jours plus tard : " c'est bien pratique d'avoir des comptes en Suisse ", comme s'il y avait trouvé le reste de la somme.

Les contre-vérités selon la défense

Or il est avéré que M. de Maistre a supervisé sept rapatriements d'argent depuis les comptes suisses des Bettencourt, pour 4 millions d'euros, de 2007 à 2009. Les avocats de M. de Maistre, tout sourire, ont considéré que cette journée d'auditions s'était " très bien passée " pour leur client, et "a considérablement fait évoluer les choses", selon Me Jacqueline Laffont.
 

" Nous avons été contraints de démontrer l'existence d'un certain nombre d'incohérences, de contre-vérités ", a ajouté son collègue, Me Pierre Haïk.

" L'examen du cahier de caisse (de Mme Thibout) démontre de façon absolument certaine qu'elle n'a pas remis (les) 50.000 euros à Mme Bettencourt ", a ainsi déclaré Me Laffont.

Si Me Haïk a estimé que les confrontations s'étaient déroulées " dans un climat totalement apaisé et respectueux de chacune des parties ", ce n'était visiblement pas l'avis de Mme Thibout, à laquelle la défense semble avoir reproché, outre d'avoir menti sur les 50.000 euros, d'avoir falsifié un agenda pour prouver ses dires.

Mme Thibout, poursuivie dans la rue par les journalistes après cette audience, a lâché qu'elle avait " très mal " pris ces accusations. Mais " vu d'où ça vient ça ne me gêne pas ", a-t-elle ajouté. Puis elle a lancé de manière confuse que M. de Maistre "a pris l'argent, et puis c'est tout, c'est pour lui ".

Une contradiction sans signification

L'avocat de Mme Thibout, Me Antoine Gillot, a indiqué que la " contradiction " relevée par la défense, qui semble jouer sur les sommes présentes sur le compte des Bettencourt en janvier 2007 pour contester le retrait, " n'a aucune signification ".
Selon lui, l'ex-comptable a pu prendre momentanément une partie de la somme sur la " réserve " en liquide d'André Bettencourt.

Les Bettencourt donneurs d'ordre

 " Les donneurs d'ordre des retraits d'argent en Suisse étaient les époux Bettencourt ", a souligné pour sa part Me Laffont, relevant que M. Bettencourt, décédé en novembre 2007, a " toujours été déclaré comme totalement responsable, lucide " avant son décès.
L'avocate a observé que " depuis des décennies la famille Bettencourt avait de nombreux comptes suisses " et que M. de Maistre est " arrivé très tardivement dans ce dispositif ".

Ce dernier sera confronté le 14 par vidéo-conférence à l'avocat suisse des Bettencourt, Me René Merkt.

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