Les 3 ravisseurs ont écopé de prison ferme... tout comme leur victime, convaincue d'escroquerie.
Trois hommes ont été interpellés dimanche à Niort après avoir enlevé, ligoté puis conduit nu, en pleine rue et devant des dizaines de témoins, un homme qui avait escroqué l'un d'eux. Tous quatre ont été condamnés
L'initiateur de la vengeance, Francis, 27 ans, a été condamné à dix mois de prison dont sept avec sursis, et a aussitôt été conduit en prison, quittant la salle d'audience en pleurant.
Ses deux complices, Philippe, 38 ans, et Bertrand, 36 ans, ont été condamnés à des peines respectives de dix mois de prison dont sept avec sursis, et six mois de prison, qu'ils pourront accomplir chez eux avec un bracelet électronique.
L'homme déshabillé par les trois autres, Victor, 34 ans, a été condamné pour escroquerie à six mois de prison ferme, et comme Francis a été emmené directement en prison.
Victor devra payer à Francis 1.000 euros de dommages et intérêts, mais les trois autres devront lui verser solidairement 2.500 euros.
Les faits se sont déroulés samedi matin, près du marché de Niort où se pressaient des dizaines de personnes. Médusées, ces dernières ont vu sortir d'une voiture quatre hommes d'origine africaine, dont l'un entièrement nu et ligoté, que les trois autres ont conduit au commissariat, quelques centaines de mètres plus loin.
Les trois premiers, tous diplômés et inconnus des services de police, avaient cueilli assez brutalement le quatrième, Victor, dans son lit, à Nantes, lui reprochant une escroquerie au préjudice de Francis. Ils l'ont emmené en short et tee-shirt, emportant également ses vêtements, avant de le déshabiller en ville pour l'amener au commissariat.
Victor, un Angolais déjà connu de la police pour des faits d'escroquerie, avait été placé en garde à vue dès samedi après-midi. Repartis dans un premier temps du commissariat, les trois "justiciers" ont finalement été interpellés dimanche matin à la demande du parquet de Niort, poursuivis pour enlèvement, séquestration et violences volontaires.
Ils reprochaient à Victor, qui vit de maison en maison dans la communauté africaine, d'avoir volé il y a quelques semaines les papiers de Francis pour se faire établir une carte de crédit au nom de ce dernier, et effectuer des achats, comme un ordinateur et un téléphone portable.
Le substitut du procureur de la République de Niort, Pierre Martello les a accusés d'avoir appliqué "la loi du Talion", mais de manière "disproportionnée". Alors que celle-ci ci proclame "oeil pour oeil et dent pour dent", M. Martello a considéré que dans cette affaire, "pour un oeil il y a les deux yeux, et pour une dent, toute la gueule".