Une institutrice du Lot-et-Garonne doit quitter un poste d'enseignement à distance, restrictions budgétaires oblige
Clairac (47) : Monique Broc,enseignante handicapée
Depuis 10 ans cette enseignante en fauteuil roulant dispense ses cours par correspondance. Aujourd'hui l'inspection academique veut supprimer son poste et lui demande de reintegrer une salle de classe, pour raisons budgétaires. Le reportage de Jean-Michel Daguenet et Benoit-Pierre Morin
Dominique Broc, 57 ans, en fauteuil roulant depuis 24 ans travaille depuis dix ans depuis son domicile, à Clairac (Lot-et-Garonne). A partir de la rentrée prochaine, le rectorat a décidé de ne pas la maintenir à son poste, faute de postes adaptés suffisants dans l'académie
Le cas de cette ensignante a été porté à la connaissance du public par le syndicat Snuipp-FSU, qui dénonce le manque de postes adapté pour 20 enseignants du premier degré dans l'académie de Bordeaux, en raison de "restrictions budgétaires", selon le syndicat.
Dominique Broc, 57 ans, en fauteuil roulant depuis 1988 à cause d'une tumeur à la moelle épinière, travaille depuis dix ans chez elle à Clairac (Lot-et-Garonne) pour le Cned, organisme d'enseignement à distance, occupant un poste adapté renouvelable tous les quatre ans.
Mais, à partir de la rentrée 2012, le rectorat a décidé de ne pas la maintenir au Cned, faute de postes adaptés suffisants dans l'académie.
"La situation de Dominique est inacceptable, mais malheureusement son cas n'est pas unique. Elle paie les conséquences des restrictions budgétaires dans l'éducation nationale", a réagi Eric Delage, co-secrétaire départemental du Snuipp-FSU.
Selon lui, l'académie ne bénéficie que de 40 postes adaptés dans le premier degré pour 60 demandes. "Il y a donc cette année 20 personnes qui ont été écartées de ce dispositif faute de moyens", regrette-t-il.
"J'ai été très déçue, même abattue, quand j'ai appris la nouvelle du non-renouvellement de mon poste", a expliqué Mme Broc.
"Je sais ce que c'est de faire la classe en fauteuil roulant, je l'ai fait il y a plus de 10 ans, mais aujourd'hui ce sera beaucoup plus difficile. Les effectifs par classe sont plus importants, il faut une accessibilité des locaux, des moyens techniques et matériels", précise la quinquagénaire qui nécessite des soins "toutes les deux heures".
L'enseignante compte déposer un recours gracieux auprès du recteur d'académie.
En cas de refus, elle envisage un recours auprès du ministère de l'Education nationale et portera l'affaire devant le tribunal administratif si nécessaire.
"Dominique Broc a des qualités professionnelles reconnues, mais cette année, il n'y avait qu'un poste longue durée renouvelable dans toute l'académie et une commission a décidé de l'attribuer à une autre personne également en fauteuil", a justifié Laurence Adeline, directrice académique départementale.
"Nous sommes en train de lui chercher un poste d'enseignant près de chez elle et qui puisse lui convenir en terme d'accessibilité", a-t-elle ajouté.