Le ministre de l'intérieur socialiste précise que l'alternance ne change rien à la ligne de fermeté
Le nouveau ministre français de l'Intérieur Manuel Valls a envoyé vendredi un message clair à l'ETA, qualifiée d'"organisation terroriste": l'alternance ne change rien à la ligne de fermeté adoptée depuis des années par la France contre le groupe séparatiste basque.
La position des autorités espagnoles sera "celle du gouvernement français", a d'emblée promis Manuel Valls, qui s'exprimait aux côtés de son homologue Jorge Fernandez Diaz, en marge du G6, à Munich (sud de l'Allemagne), où étaient réunis les ministres de l'Intérieur des six pays européens les plus peuplés.
L'ETA avait annoncé le 20 octobre 2011 la fin définitive du recours à la violence, mais sans déposer les armes ni annoncer sa dissolution.
Le 9 mars, en pleine campagne présidentielle en France, elle avait demandé à Paris d'engager "des discussions directes" avec elle. Mercredi, à peine François Hollande
investi, l'organisation avait réitéré sa demande, annonçant la désignation d'"une délégation pour amorcer un dialogue direct avec les gouvernements d'Espagne et de France".
Immédiatement, Jorge Fernandez Diaz avait donné la position de Madrid: "La seule nouvelle que nous attendons est celle de la dissolution sans conditions" de l'ETA, considérée comme responsable en Espagne de la mort de 829 personnes en quelque 40 ans.
Une position que Manuel Valls, né à Barcelone, a fait sienne vendredi, expliquant qu'à son sens, "la dissolution de cette organisation terroriste est évidemment une condition sine qua non". Il appartient "au seul gouvernement espagnol d'apporter les réponses qu'il considère utiles", a-t-il encore dit.
stocks d'armes
Et comme "première manifestation tangible de la part d'ETA de sa réelle volonté d'abandonner définitivement le recours à la violence", Manuel Valls exige "la restitution" des "stocks de plusieurs centaines d'armes" dont elle disposerait encore.
Le journaliste Florencio Gomez, l'un des meilleurs spécialistes de l'ETA, juge que "malgré la pression mise par l'ETA sur les autorités françaises pour peut-être les faire se démarquer du gouvernement espagnol", les déclarations de Manuel Valls annoncent "une continuité de l'action de la France contre l'ETA".
Cette position ferme était déjà celle de Nicolas Sarkozy, mais aussi depuis de nombreuses années des gouvernements qui se sont succédé à Paris, y compris sous les socialistes, dont la mansuétude initiale vis-à-vis de l'organisation a été vite abandonnée au milieu des années 1980.
Tous se sont employés à combattre l'ETA qui a longtemps considéré le sud-ouest de la France comme sa base arrière mais où de nombreux coups lui ont été portés par la police et la gendarmerie françaises, contribuant à l'affaiblissement de l'organisation.
Ces opérations ont forcé les etarras à se replier de plus en plus loin de la frontière franco-espagnole. En mars 2011, le chef militaire de l'organisation Alejandro Zobaran Arriola avait ainsi été arrêté dans le nord de la France.
Le 16 mars 2010, un commando, surpris par une patrouille, avait ouvert le feu sur des policiers français, en tuant un, dans la grande banlieue parisienne. C'était le premier meurtre d'un policier français commis par des etarras. Ce commando a depuis été en grande partie démantelé.
L'apparition en 2004 du mandat d'arrêt européen (MAE), dont plusieurs dizaines ont visé des etarras, a également été un coup dur pour l'organisation.
Mardi, le parquet de Pau a ainsi requis la remise à l'Espagne de Jose Manuel Askarate Ramos, interpellé le 7 mars dans les Pyrénées-Atlantiques, où il vivait et travaillait.
Il a été condamné par la justice espagnole à 51 ans de réclusion pour des actes de terrorisme et la séquestration d'un dirigeant du club de Bilbao.