Ouverture du procès. 15 jours d'audience pour comprendre comment la famille est restée sous l'emprise de Tilly.
Reclus de Monflanquin (47) : le procès du gourou
Lundi débute à Bordeaux en correctionnelle pour deux semaines, le procès de Thierry Tilly et Jacques Gonzalez pour abus de faiblesse et complicité, violences volontaires et séquestaration sur toute une famille, les De Védrines, bien connus à Monflanquin dans le Lot-et-Garonne et à Bordeaux.
Le procés s'est ouvert ce lundi au le tribunal correctionnel de Bordeaux.
C'est une histoire ahurissante. Celle de toute une famille d'aristocrates installée à Montflanquin en Lot-et-Garonne. Pendant dix ans, onze de ces membres se sont coupés du monde. Ils ont vendu leurs biens, sous l'influence d'un homme qui disait les protéger.
Thierry Tilly, 48 ans, et son complice présumé Jacques Gonzalez, 65 ans, comparaissent en correctionnelle pendant deux semaines.
Les Védrines, cible d'un complot
Thierry Tilly rencontre Ghislaine de Védrines en 1999. Elle l'embauche dans son école de secrétariat à Paris. Commence alors une longue "mise en confiance" qui aboutira à une mise "sous emprise" raconte Guislaine de Védrines. Il "s'infiltre" dans la famille et se présente comme un agent secret travaillant à " l'équilibre du monde". Il leur fait croire peu à peu qu'ils sont la cible d'un complot, mais que, s'ils financent "le combat", il peut protéger leur vie.
Ils s'isolent brutalement
Les sceptiques, comme le mari de Ghislaine, Jean Marchand, sont accusés de tous les vices. Et Thierry Tilly les fait rejeter par le groupe.
Les autres sont terrorisés, et s'isolent brutalement de leurs anciennes connaissances, d'abord dans le château familial de Monflanquin (Lot-et-Garonne) puis au Royaume-Uni.
La justice est impuissante, puisqu'ils paraissent consentir à leur situation, signent des documents.
11 personnes sous emprise
Thierry Tilly tient tout un groupe sous son joug : un groupe de onze personnes :
- Guillemette de Védrines, morte en 2010 à 97 ans,
- ses trois enfants Philippe, Ghislaine et Charles-Henri,
- Brigitte conjointe de Philippe et Christine conjointe de Charles-Henri
- cinq petits-enfants largement sortis de l'enfance.
Pendant une semaine, Christine a été séquestrée et privée de tout par le groupe. Il fallait lui faire avouer un secret de famille imaginaire. Avec Philippe, ils font enfin défection en 2008 et 2009. Ils racontent alors leur incroyable soumission à M. Tilly sans même qu'il ait besoin d'être toujours présent, Thierry Tilly, décrit par les juges d'instruction comme " fin psychologue, excellent juriste et manipulateur de premier ordre" est arrêté en Suisse le 21 octobre 2009.
Un gourou sous influence
Tous reconnus victimes d'une "emprise mentale", dont ils sont aujourd'hui libérés, les Védrines ont perdu, outre près de dix ans de leur vie, 4,5 millions d'euros de biens immobiliers et financiers, et encore des meubles, tableaux, bijoux, salaires....
Thierry Tilly a vécu très confortablement grâce à cet argent. Le plus curieux, a révélé l'instruction, est qu'il était lui-même "sous l'influence de Jacques Gonzalez", président de la Blue Light Foundation, arrêté le 1er juin 2010, Tilly lui a reversé d'énormes sommes. Il se
prenait semble-t-il vraiment pour un agent secret.
Toujours en prison, M. Tilly est jugé pour séquestration avec libération avant le 7ème jour en vue de faciliter la commission d'un délit, et violences volontaires sur personne vulnérable avec préméditation, pour l'épisode concernant Christine de Védrines, et pour abus de faiblesse de personne en état de sujétion psychologique pour toute la famille.
M. Gonzalez, malade et libre sous contrôle judiciaire, est jugé pour complicité et recel d'abus de faiblesse. Ils risquent dix et cinq ans de prison.
Ni "secte", ni "gourou" pour la défense
L'avocat de M. Tilly, Me Alexandre Novion, juge "grotesque" de parler de "secte" et de "gourou" dans cette affaire, et espère que le procès "ne s'écartera pas de la logique rationnelle".
"Manipulation mentale" pour les parties civiles
Me Daniel Picotin, avocat de plusieurs parties civiles et spécialiste des sectes, juge au contraire l'affaire "emblématique du problème, mal pris en compte en Europe, de la manipulation mentale", et espère que le procès "fera comprendre qu'elle peut frapper les gens les mieux installés dans la vie".