L'ATMO de Nouvelle-Aquitaine est chargée de surveiller la qualité de l'air dans notre région et vient de publier son bilan de mesure des pesticides en 2018. Une année marquée par la présence des fongicides, notamment utilisés pour lutter contre le mildiou dans les vignes.
Depuis 2001, l'ATMO effectue des mesures pour détecter la présence de pesticides dans l'air en Nouvelle-Aquitaine. En 2018, les chercheurs de la structure ont prélevé des molécules sur sept sites : Bordeaux, Poitiers et Limoges, mais aussi le Cognaçais, le Médoc, les Grands Lacs (Landes) et Saint-Yrieix-la-Perche (Haute-Vienne). Ils publient ce mercredi un bilan annuel pour communiquer leurs données.
Une année à mildiou, plus de fongicide dans l'air
En 2018, l'année a été particulièrement humide. Conséquence : les agriculteurs et les viticulteurs ont utilisé davantage de fongicide, notamment pour lutter contre le mildiou.
"Une prédominance du chlorothalonil (utilisé principalement sur céréales) a été observée d’avril à juin sur les sites de Poitiers et de Limoges, puis le folpel, fongicide de la vigne, est devenu majoritaire de fin mai à fin août sur les sites viticoles (Médoc, Cognaçais et Bordeaux). De fortes concentrations en pyriméthanil, utilisé contre la pourriture grise, ont également été observées sur le site du Médoc début août. La présence de spiroxamine et de cyprodinil, agissant notamment sur l’Oïdium, a été observée sur les sites du Cognaçais et du Médoc de début mai à mi-juillet" note ainsi l'ATMO.
À télécharger : le bilan 2018 des pesticides en Nouvelle-Aquitaine
Le Folpel fait ainsi parti des molécule en augmentation par rapport aux années précédentes, précise l'ATMO.
C'est aussi le cas du "prosulfocarbe, la pendiméthaline et le triallate, herbicides utilisés notamment sur céréales d’hiver, permettant de lutter contre l’abondance des graminées".
Toujours du Lindane, interdit en agriculture depuis... 1998 !
Parmi les insecticides détectés, le Lindane a été retrouvé sur les sept sites de mesure. Il est pourtant interdit d'usage agricole depuis 1998. Comment se fait-il qu'il soit toujours présent ?
"Le Lindane est un produit persistant dans le sol, et continue de se répandre à cause de l'érosion", explique Julie Gault, chargée de communication à l'ATMO.
Le lindane a été classé comme cancérogène pour l'homme par l'OMS et son usage est interdit dans de nombreux pays.
Quel impact sur notre santé ?
Quel impact la présence de ces pesticides a-t-il sur notre santé, et sur l'environnement ? Y a-t-il des polluants qui sont trop présents dans l'air que nous respirons en Nouvelle-Aquitaine ?
Le Folpel, par exemple, est classé comme susceptible de provoquer des cancers, il est nocif par inhalation, provoque des allergies cutanées... Mais est-ce le cas aux niveaux détectés dans l'air de la région ?
Cette question ne fait pas partie du domaine de compétence de l'ATMO.
"Notre rôle s'arrête à la mesure, d'autres organismes comme l'ANSES ou l'ARS sont chargés d'utiliser nos données", souligne Julie Gault. De plus, il n'existe pas -encore- de seuil réglementaire concernant la présence de pesticides dans l'air, comme le précise l'organisme.