La majorité du conseil municipal de New York a voté hier l'interdiction de la vente, de la consommation et de la détention de foie gras dans la ville. Sous la pression des défenseurs du bien-être animal. Une décision "totalement ridicule" pour les professionnels de la filière gras.
Après l'Etat de Californie c'est donc la ville de New-York qui prive ses habitants de foie gras.Gare à celui qui en servira dans son restaurant, qui en vendra en boutique ou qui en aura simplement chez lui.
A partir de la fin 2022, il s'exposera à une amende comprise entre 500 et 2.000 dollars susceptible d'être renouvelée toutes les 24 heures.
Une victoire des défenseurs de la cause animale
"C'est une journée historique pour les droits des animaux à New York" s'est réjouit Matthew Dominguez de l'association "Voters for Animal Rights".
L'organisme a joué un rôle clef dans cette interdiction. Il estime que le gavage est une "atrocité", tout comme le dénonce en France l'association L214.
Les méthodes de gavage ont évolué
En France, les producteurs de foie gras estiment que cette décision découle d'une méconnaissance des méthodes d'élevage. Et regrettent qu'elle soit le "résultat du lobbying de quelques activistes intolérants, prônant le véganisme par dogmatisme et se servant du Foie Gras comme prétexte pour leur démarche".
"Le gavage n'est pas douloureux pour les canards et les oies" assure le Cifog, le comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras qui détaille ses arguments sur son site internet.
"Le Foie Gras est obtenu par engraissement de canards ou d'oies. Il s'agit du foie d'un animal sain, élevé en plein air et qui, arrivé à l'âge adulte, a reçu une alimentation abondante, progressive et contrôlée".
"On ne met plus le canard en cage, on gave en parc collectif, le canard ne souffre pas" nous explique Eric Réquier, un producteur périgourdin installé à Marsaneix.
"Ce qui me dérange c'est que ça vient de très loin, de gens qui ne connaissent pas forcément grand chose dans les propos qu'ils tiennent. Ils veulent donner des leçons alors que chez eux il y aurait vraiment des choses à faire, notamment dans les immenses fermes où sont exploitées des milliers de vaches".
Ce professionnel du foie gras installé depuis plus de 40 ans dit se soucier du bien-être animal. "On évolue dans un bon sens aujourd'hui, on a des techniciens, des têtes pensantes pour arriver à faire de belles choses" dit-il.
"Cette décision est inquiétante" poursuit-il.
"Demain on va s'en prendre à quoi ? On a plus qu'à laisser pousser les salades dans la nature pour éviter qu'elles n'étouffent sous les serres" ironise t-il, tout en espérant que les choses se calment.
Le foie gras français très peu touché
L'interdiction du foie gras à New-York n'aura aucun impact économique sur la filière française selon le Cifog.
Sa directrice Marie-Pierre Pé explique qu'"aucune entreprise française n'exporte vers les Etats-Unis" en raison d'"agréments sanitaires particuliers".
Philippe Baron, président de l'association gersoise pour la promotion du foie gras, confirme.
Les ventes de foie gras aux Etats-Unis "ne représentent rien d'un point de vue économique" assure t-il. "Ce n'est pas un pays qui culturellement a adopté ce produit".
Il admet cependant que c'est "symboliquement dommage"soulignant que 80% du foie gras de canard consommé dans le monde est produit en France.
Une décision contesté par les producteurs américains
Plusieurs producteurs de foie gras installés aux Etats-Unis et notamment Ariane Daguin, fondatrice et PDG de D'Artagnan, qui alimente en foie gras une bonne partie du marché new-yorkais compte attaquer cette interdiction en justice.
"On va se battre", a t-elle affirmé. "On va faire un procès." Elle estime que cette loi "n'est pas constitutionnelle du tout". "Ce n'est pas à un conseil municipal de décider ce qui est cruel ou pas pour les animaux."