C'est l'histoire d'un homme qui donne la mort et la vie au même moment, et d'une mère endeuillée en quête de vengeance: "La Volante", en compétition au festival du film d'Angoulême, réunit Nathalie Baye et Malik Zidi dans un huis clos à l'ambiance pesante et quasi-fantastique.
Une nuit, Thomas (Malik Zidi) percute et tue un jeune homme alors qu'il emmène sa femme à la maternité pour accoucher. Neuf ans plus tard, Marie-France (Nathalie Baye), la mère de ce dernier, devient la secrétaire de Thomas sans qu'il sache qui elle est.
"Nathalie Baye a adopté à la perfection ce rôle de secrétaire omniprésente et inquiétante" explique Nicolas Bonilauri, l'un des deux réalisateurs du film avec Christophe Ali, avec qui il a déjà coréalisé deux longs métrages, "Le Rat" (2000) et "Camping sauvage" (2005).
De son côté, Malik Zidi, César du meilleur espoir masculin en 2007 pour "Les Amitiés maléfiques", campe un homme à fleur de peau, torturé par son passé, pour qui cette femme fait à la fois office de victime et de bourreau. "Tout était dans le face à face, et le jeu plein de sous-entendus. J'ai adoré interpréter ce rôle aux côtés d'une grande actrice," témoigne le comédien.
Repères gommés
Dans ce film calculé au détail près, présenté en compétition au Festival du film francophone d'Angoulême cette semaine, on en sait délibérément peu sur les personnages.Le casting resserré, et les lieux séparés entre des scènes de bureaux anxiogènes et un appartement sombre, invitent le spectateur à fantasmer sur l'histoire. "On est entre le rêve et la réalité. Les repères ont été volontairement gommés. Ce côté abstrait renforce la paranoïa et prend le pas sur le réalisme du scénario", explique le réalisateur.
Inspirés par de multiples références cinéphiles, dont l'oeuvre d'Alfred Hitchcock, les réalisateurs ont voulu revenir à un cinéma de genre "un peu démodé", qu'ils affectionnent. Sur le tournage, ils ont notamment montré à Nathalie Baye des plans du classique de l'épouvante "Psychose", pour reproduire des scènes avec l'actrice multirécompensée.
Les mélopées classiques qui ponctuent le film permettent des respirations dans la mainmise du personnage principal. "La musique, c'est la part d'humanité de Marie-France" note Nicolas Bonilauri. En témoigne une scène où elle interprète une berceuse au piano devant toute la famille de Thomas, un interlude qui fait tomber le masque de ce personnage presque inhumain.
De la même manière, l'humour intervient par surprise et par petites touches au cours du film, "nécessaires dans cet univers de bureaux glacial". Le terme "volante" désigne ces secrétaires en intérim qui apparaissaient et disparaissaient rapidement. "Un mot qu'on aime bien et que l'on n'avait jamais entendu au cinéma, qui évoque aussi les adjectifs violente ou voleuse", précise le réalisateur.
Le film est tiré d'une expérience de travail vécue par les cinéastes, qui ont été confrontés pendant quelques mois à une secrétaire énigmatique. "Le projet est parti de là. Sur le thème : connaissez-vous vraiment la personne avec laquelle vous travaillez ?"