C'est la grande oubliée du déconfinement. Aucune reprise n'est annoncée pour la course landaise dont la fédération est affiliée au Ministère de la Jeunesse et des Sports. Les éleveurs sont à l'agonie. Une partie des troupeaux de vaches seront abattus dans les prochains jours malgré la solidarité.
C’est le cri du cœur de Lucien Laurède, le président de l’Association des Jeunes Coursayres.C’est un désespoir, j’ai peur des suicides, aujourd’hui les ganaderos ne font que survivre.
Au contact quotidiennement avec les ganaderos, les éleveurs de vaches landaises, le jeune enseignant, passionné par la course landaise, mesure la détresse psychologique de ces agriculteurs un peu particuliers.
Les aficionados au chevet des vachettes
Depuis quelques jours, l’Association des jeunes Coursayres a pourtant permis une petite éclaircie dans le ciel sombre de la course landaise.Soixante boules de foin, achetées dans les Landes, ont été distribuées chez les douze éleveurs concernés. De quoi permettre de nourrir les cheptels pendant 2 à 3 mois. " C’est seulement une bouffée d’oxygène. Les éleveurs attendent de vraies aides financières. Les ganaderos sont à bout et certains sont âgés et fragiles."
Au total, un millier de bottes de foin ont été achetées. Il y aura une deuxième livraison plus importante pour les ganaderos. De l’aliment complétera la dotation pendant l’hiver à venir.
28 000 euros récoltés
Une initiative qui s’est concrétisée avec les 28 000 euros récoltés grâce à une cagnotte leetchi mise en ligne avec le concours de la pena Lou Beroy et le magazine La Cazérienne.Pour le moment, plus de 350 contributeurs y ont participé. Lucien laurède rajoute "on en serait où aujourd’hui sans cela ? La course landaise est dans un tournant gravissime. On attend un positionnement réel de la Fédération. ( la Fédération Française de la Course Landaise NDLR ) "On en serait où aujourd’hui sans cela ?
Lucien Laurède est réaliste, cela ne suffira pas pour sauver la course landaise et les centaines de spectacles donnés chaque été dans les 150 arènes des Landes, d’une partie du Gers et des Pyrénées Atlantiques.
Les vaches abattues
Les douze ganaderias landaises sont le socle de cette tradition séculaire. Pour l’heure, aucune aide financière n’a été annoncée pour soutenir les charges des élevages.Il faut compter environ 100 000 euros de frais, chaque année, pour un troupeau d’environ 250 vaches.Aujourd'hui, la course landaise peut mourir.
Henri Thillet - associé de la ganaderia Dargelos
Certains éleveurs vont devoir faire abattre la moitié de leur cheptel dans les prochains jours. Henri Tilhet est l'un des associés de la ganaderia Dargelos, "aujourd'hui, la course landaise peut mourir. Si il n'y a pas de décision, 100 bêtes partent à l'abattoir, soit la moitié du troupeau. Nous laissons la semaine à la fédération pour débloquer les fonds. Il y a ce qu'il faut dans les caisses." Henri Tilhet ajoute "nous avons la solution, on fait abattre les vaches et on enlève les clôtures. C'est réglé. Mais vous imaginez les Landes sans course landaise?"
La course landaise: un sport oublié et une économie fragile
Et l’horizon ne fait que s’assombrir. Dans son guide d’accompagnement pour la reprise des activités sportives édité par le Ministère de la Jeunesse et des Sports, la course landaise n’est pas citée.
Pourtant gérée par une fédération, la course landaise semble oubliée des « activités sportives ». La saison coursayre débutera-t-elle en juin ? #LesLandes #Gers #Gascogne #Sport #CourseLandaise https://t.co/P6Do4b3JUE
— Benjamin Ferret (@BenjaminFerret) May 14, 2020
Les annulations en cascades des fêtes de village plombent une économie plus que fragile.
Lucien Laurède qui oeuvre depuis 3 ans avec son association afin de rajeunir le public de la course landaise explique: "Il n'y a pas de course landaise sans le public. C'est un sport où les distances et les gestes barrières n'existent pas. De plus, les comités ne pourront pas organiser de spectacle sans le sponsoring des entreprises. Les PME souffrent dans les villages".
Solicitée, La Fédération Française de la Course Landaise n'a pas souhaité répondre à nos questions.
Vaches et taureaux: même combat
Lui n'élève pas de vachettes pour les courses landaises mais des taureaux braves destinés à l'autre tauromachie très présente dans les Landes : la corrida espagnole. A Montsoué, à la ganaderia Casanueva, Guillaume Bats est à la tête d'un cheptel de 140 bêtes composé de vaches, de veaux et de taureaux.Seize taureaux agés de 3 ans étaient destinées à différentes novilladas ( corrida avec de jeunes taureaux) cet été pendant les férias de la région. "On ne pourra pas nourrir tout le cheptel jusqu'à mars prochain. Il va y avoir des choix à faire. Je vais devoir faire abattre une partie du troupeau. Je vais devoir réduire le nombre de vaches reproductrices car il y aura un trop plein de taureaux sur le marché l'année prochaine".Il va y avoir des choix à faire. je vais devoir faire abattre une partie du troupeau, Guillaume Bats, Ganadero
Une cagnotte sous la forme d'une tombola a été aussi lancée pour soutenir les éleveurs de taureaux français.
La vie continue sur le campo, il faut s'occuper des bêtes. Aucune aide n'a a été accordée pour le moment. Pour sauver son activité, le seul espoir de Guillaume Bats est de pouvoir à nouveau recevoir des groupes d'aficionados ou de touristes.
La vida sigue en el campo... pic.twitter.com/leBUKkfJCQ
— Ganaderia Casanueva (@bats_guillaume) April 5, 2020
C'est la première fois que les Landes connaîtront un été sans course landaise et sans corrida.