En grève depuis le 15 octobre, les salariés de Labeyrie réclament une augmentation de salaire. Ce vendredi, il ont ralenti le trafic automobile pour faire entendre leurs revendications.
Ils sont une soixantaine ce vendredi à braver la grisaille pour manifester leur mécontentement pour organiser une opération escargot. Les voitures ont circulé circulent au ralenti entre Saint-Geours de Maremne et Dax, notamment sur la départementale 824, encadrées par les forces de l'ordre.
Un nouvel épisode dans le conflit qui oppose salariés et direction de l'entreprise Labeyrie Fine foods, spécialisée dans le foie gras et le saumon fumé.
Augmentation de salaire
Né le 15 octobre au siège, à Saint-Geours de Maremne dans les Landes, ce mouvement de grève, le premier depuis 2012, s'est ensuite propagé dans l'usine d'abattage de Came au Pays basque puis sur le site de Jonzac en Charente-Maritime. Les 200 salariés grévistes dans les Landes réclament une augmentation de salaire. Mais les négociations n'aboutissent pas. Ce mercredi, la direction a offert une hausse de salaire de l'ordre de 2,25 % . Insuffisant pour les employés qui ont rejeté la proposition, équivalent à une trentaine d'euros supplémentaires par mois.
"Aujourd'hui, les gens gagnent en moyenne 1 300 euros. Ils ont environ 300 euros d'essence à mettre chaque mois dans leur voiture. Leurs loyers s'élèvent à 600 ou 700 euros. Quand on fait le calcul, au 15 du mois, les gens n'ont plus rien pour vivre", détaille Marie Dorotte, représentante du personnel FO .
"Avant, c'était une entreprise familiale"
C'est en 1946 que Robert Labeyrie a fondé l'entreprise, devenue au fil des ans, une multinationale, employant plus de 4 600 personnes sur 17 sites, et dont le chiffre d'affaires dépasse aujourd'hui le milliard d'euros. Mais pour les salariés, la charge de travail s'est accrue, sans que le recrutement ne suive. "Avant, c'était plus convivial, c'était familial. Maintenant, c'est le système américain", regrette Frédéric Leborgne, employé depuis une trentaine d'années. Les cadences sont beaucoup plus rapides. On nous met la pression, on demande de produire, produire, sans aucune reconnaissance du salaire ni même des gens".
"Un conflit comme ça, c'était réglé en deux jours"
"En saison, ils ont des difficultés à recruter des CDD, à cause des conditions de travail et des salaires déplorables, renchérit Marie Dorotte.
Comme les gens n'ont pas envie de travailler chez nous, ce travail, ce sont les CDI qui doivent le récupérer. Ils s'abîment, ont des maladies professionnelles, et au bout d'un moment, on les licencie sans ménagement, pour inaptitude.
Marie Dorotte, salariée FO de LabeyrieFrance 3 Aquitaine
Les salariés sont unanimes sur ce mal-être, et nostalgiques d'un management plus humain. "Avant le travail était fait, et s'il y avait un souci, on restait une heure de plus sans se poser de question, se souvient Frédérick Vilaton, technicien de maintenance depuis près de quarante ans. Tout ça c'est terminé. Du temps de Monsieur Labeyrie, un conflit comme ça, c'était réglé en deux jours. Il nous aurait parlé, et on l'aurait cru, et il aurait tenu sa parole."
Les grévistes ont été rejoints ce jour à Dax par leurs collègues de Cames. Une délégation a été reçue par le député LaREM Lionel Causse. "Labeyrie est une entreprise importante pour le territoire. Et cette situation ne fait plaisir à personne, reconnaît l'élu.
Je note quand même un malaise profond, sur la reconnaissance et les conditions de travail. Je ne suis pas insensible à ce qui m'a été remonté, et il faut que le dialogue reprenne très vite", espère le député.
Les syndicats ont voté ce jour la reconduction de la grève au moins jusqu'au lundi 1er novembre.