Il a 62 ans et est amputé des deux bras depuis un grave accident. Thierry Corbalan est surtout un nageur de haut niveau, capable de relever des défis les plus improbables. Rencontre avec cet incroyable athlète sur son terrain d'entrainement, au lac d'Hossegor dans les Landes.
Une silhouette élancée, un corps taillé par la natation… En ce début novembre, Thierry Corbalan, 62 ans, est prêt à se jeter dans l'eau du lac d'Hossegor.
Cet athlète, amputé des deux bras après un tragique accident survenu en 1988 lorsque sa canne à pêche touche une ligne à haute tension, est accompagné par deux amis : Patrice Laporte et Matthieu Nanceau.
Tous deux nageurs sauveteurs, ils aident Thierry Corbalan à enfiler son équipement du jour : bonnet, masque, tuba et monopalme, avant qu'il ne s'élance dans une eau à moins de 20 degrés pour une séance de natation.
Nage en ondulation
Trois fois par semaine, que ce soit en piscine ou en lac, Thierry Corbalan fend l'eau pour un entrainement de nage en ondulation. Il se déplace dans un mouvement qui part de sa tête pour se terminer dans ses jambes, et qui lui vaut le surnom de "l'homme dauphin".
"Au début, j'ai commencé en apprenant tout seul, se souvient le nageur, qui vit dans le sud des Landes. Je me suis dit que vu mon handicap, c'était la technique de nage la plus efficace pour moi. Et après, j'ai rencontré des personnes spécialistes de cette discipline qui m'ont corrigé et m'ont aidé à m'améliorer".
Amateur de défis hors norme
Thierry Corbalan n'a pas juste cherché à s'améliorer. Ancien judoka et amateur de course à pied, il a relevé au fil des ans des défis extraordinaires en natation. Traversée du lac d'Annecy, tour de Corse à la nage… Le dernier remonte au mois de septembre 2020 : "l'homme dauphin", relie la plage de Calvi en Corse, à Mandelieu dans les Alpes-Maritimes. Soit six jours et six nuits, pour une traversée de quelque 180 kilomètres, dans une Méditerranée particulièrement agitée.
C'était mon dernier défi, et je voulais réaliser quelque chose d'exceptionnel. Je voulais arriver le jour de l'anniversaire de l'ami qui m'a sauvé la vie. Ca m'a permis, symboliquement, de revenir sur les lieux de mon accident.
Thierry Corbalan, "l'homme dauphin"France 3 Aquitaine
"Le sport m'a sauvé la vie"
"Le sport m'a sauvé la vie, commente-t-il sobrement. C'est parce que je faisais du sport que mon cœur a pu résister lors de l'accident, et que j'ai pu rester en vie. Donc, après mon accident, c'est resté un besoin pour moi de faire du sport".
Si Thierry Corbalan estime aujourd'hui en avoir fini avec les défis personnels, il veut mettre à profit son expérience, et sa notoriété pour aider de grandes causes, tout en faisant passer un message.
"Je voudrais montrer que ce que moi j'ai traversé, tout le monde peut le vivre. J'ai la chance de pouvoir faire ce que je fais aujourd'hui. Alors j'essaie de montrer aux gens que dans la vie, quoiqu'il arrive, on peut s'en sortir et réaliser des choses qu'on ne pensait pas pouvoir faire".
Un mental d'acier
Un tempérament qui force l'admiration, à commencer par celle de ses proches. "C'est une machine, commente son ami Patrice Laporte. Il a un mental exceptionnel, une constitution énorme, j'ai rarement vu ça. C'est un grand personnage."
"On n'a pas le droit de se plaindre quand on est derrière lui. On s'accroche… et puis on se tait et on suit", sourit Mathieu Nanceau.
Thierry Corbalan, qui a raconté son histoire dans un livre, L'homme devenu dauphin, (éd. Sydney Laurent.) s'est lancé un nouveau défi pour 2022 : une nage de 25 kilomètres au mois de mars, en Guadeloupe, en faveur de la lutte contre le cancer du sein.