"Disparues de l'A6" : le meutrier présumé de Christelle Blétry menait une vie tranquille à Retjons dans les Landes

Père de famille, employé dans un élevage de cailles, Pascal Jardin a été confondu, 18 ans après les faits commis en Saône-et-Loire, par une analyse ADN effectuée par le laboratoire d'hématologie médico-légale de Bordeaux.


Pascal Jardin était un voisin apprécié à Retjons, village de 324 âmes près de Mont-de-Marsan dans les Landes. Cet ouvrier agricole de 56 ans, père de deux enfants, a été interpellé mardi à son domicile de Retjons, près de Mont-de-Marsan dans les Landes. Après avoir nié les faits dans un premier temps, il les a reconnus en garde à vue, selon le procureur de la République à Chalon-sur-Saône, Christophe Rode.



Le suspect a été mis en examen et écroué jeudi pour le meurtre de Christelle Blétry, 20 ans, dont le corps avait été retrouvé le 28 décembre 1996 à Blanzy près de Montceau-les-Mines, lardé de 123 coups de couteau. Jusqu'à cette semaine, cet homme n'était "jamais apparu à aucun moment dans l'enquête", a précisé vendredi le directeur interrégional de la police judiciaire de Dijon, Paul Montmartin, lors d'une conférence de presse.



"J'ai toujours gardé espoir" et "j'espère un peu de sérénité", a déclaré très émue et en larmes, Marie-Rose Blétry, mère de Christelle, lors d'une autre conférence de presse tenue dans l'après-midi à Blanzy. "Je me suis toujours battue" pour retrouver l'assassin de ma fille, "c'est un combat qui peut être long", a-t-elle ajouté, en se disant "anéantie par cette nouvelle qu'(elle) espérai(t) tant".

Comment les enquêteurs ont-ils donc pu remonter jusqu'à lui? Depuis 1996, "le dossier n'a jamais été clôturé", "les faits n'ont jamais été prescrits" et "les investigations n'ont jamais cessé", a souligné le procureur. En 18 ans, elles ont donné lieu à des centaines de procès-verbaux, 150 auditions dont une quinzaine de suspects et plusieurs expertises génétiques. Sans succès jusqu'alors.

Ce dossier s'inscrivant dans celui des "disparues de l'A6", un ensemble d'affaires non résolues dans la région -quatorze jeunes femmes retrouvées mortes ou disparues entre 1986 et 1997- la piste d'un tueur en série a également été explorée, des vérifications étant faites sur l'emploi du temps de Michel Fourniret notamment.

Nouvelles analyses en 2014 


En 2014, le juge d'instruction et la PJ ont décidé de relancer des analyses ADN en reprenant l'intégralité des scellés, notamment le pantalon et la culotte de la victime. Grâce à l'évolution des techniques, le nombre de cellules nécessaires pour établir un profil fiable a beaucoup diminué -une seule peut suffire à déceler des empreintes- même sur des scellés anciens s'ils sont bien conservés.

Le laboratoire bordelais du professeur Doutremepuich y est parvenu et le profil trouvé sur les vêtements a été comparé à ceux du fichier national des empreintes génétiques. "Et c'est là que tout récemment on a été certain qu'il correspondait à quelqu'un fiché depuis 2004", a dit le procureur.

En l'occurrence, un homme condamné en 2004 à Chalon à deux ans de prison, dont un avec sursis et mise à l'épreuve, pour tentative d'agression sexuelle sous la menace d'un couteau. Qui vivait en Saône-et-Loire au moment du meurtre de Christelle Blétry. Et n'avait jamais fait parler de lui.

Il passe six mois derrière les barreaux, quitte la région et refait sa vie sans difficulté, selon les enquêteurs. "C'est quelqu'un qui a réussi à cliver complètement son existence, à mener une vie normale. Aucun indice ne laissait supposer qu'il avait commis un meurtre en 96", a déclaré le procureur. Lui-même ayant semble-t-il "totalement occulté les faits".

Cette arrestation pourrait-elle éclairer d'autres meurtres -regroupés sous le nom de "disparues de l'A6"- non résolus dans la région? "Il faut espérer qu'on va aboutir pour tous les autres dossiers", a souhaité la mère de Christelle Blétry. Me Didier Seban, avocat de la famille, a exhorté les familles à "médiatiser" leur combat et "à se regrouper en associations". "Le temps peut être un atout pour résoudre une affaire criminelle", a-t-il affirmé.

Mais la police n'évoque qu'un lien géographique et ne fait aucun rapprochement "quant à la personnalité de l'auteur, ni sur les circonstances du déroulé des faits".
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