Un nouveau foyer de grippe aviaire a été détecté dans un élevage de canards à Angresse dans les Landes. Il s'agit de la même zone désormais sous haute-surveillance où ont été détectés les premiers cas : à Benesse et à Saint-Geours de Maremne. L'abattage des 3000 volailles a commencé ce samedi matin
A Angresse, les services vétérinaires ont commencé l'abattage ce samedi 12 octobre : près de 3000 volailles, canards, pintades, poulets et chapons. Un travail qui devrait se poursuivre encore en début d'après-midi.
Les accès à l'exploitation sont interdits et surveillés par la gendarmerie.
La contamination avait été détectée dans une salle de gavage de canards lors de tests préventifs désormais effectués régulièrement pour les élevages de la "zone de protection" (une douzaine de communes) qui avait été établie après les premières contaminations. L'éleveur n'avait pourtant constaté aucun signe de mortalité parmi ses canards.
Pour l'heure, il ne semble pas qu'il y ait de lien direct entre cette contamination et les deux autres, bien que voisines de 4 à 5 kilomètres.
Incompréhension
Contacté par notre équipe, le jeune éleveur est désespéré. Il était à quatre jours de la fin de sa production. les canards et chapons devaient être abattus pour être vendus pour et dégustés pour les fêtes. C'est le travail de 14 semaines qui est réduit à néant.
Il faut dire que son élevage semble représentatif de ce qui était préconisé suite à la crise de 2017: un élevage quasi autarcique puisque il suivait toute la chaîne sur son exploitation : élevage, gavage et jusqu'à l'abattage. De plus, étant jeune éleveur, il a été formé à tous ces nouveaux protocoles que tous les producteurs s'efforcent d'appliquer ces dernières années. Sur tous les lots de ses 3000 volatiles, le virus n'a été détecté que dans la salle de gavage, mais l'euthanasie est malheureusement le seul moyen de stopper la contamination.
Après l'abattage, nettoyage et désinfection, il ne sait pas même quand il pourra reprendre son activité. A travers cet épisode, c'est toute la filière qui tremble car l'épizootie est bel et bien présente.
Trop de dérogations pour le plein-air?
Christophe Mesplede est éleveur à Lesgor, hors de la zone concernée par les premiers cas de grippe aviaire cette année. Mais la préoccupation est bien là.
Le traumatisme de 2016-2017 n'est pas oublié... L'inquiétude gagne les éleveurs de canards.
Avec l'inquiétude, vient aussi la colère. A propos notamment des dérogations accordés aux éleveurs pour laisser une partie de leurs volailles en plein air.
Des dérogations qui ne devaient concernées, au départ, que les petits producteurs mais d'autres en ont sans doute abusé... "on se retrouve avec des canards qui sont à l'extérieur sur la filière longue, alors qu'ils devraient être claustrés".
Regardez le reportage de Maria Laforcade et Laurent Montiel.
Trois contaminations en moins d'une semaine
Le virus H5N8 avait refait son apparition depuis novembre. Des cas avaient été détectés en animalerie et sur la faune sauvage.
Mais depuis le 8 décembre, les contaminations se succèdent dans les Landes avec un premier foyer infection à Benesse-Maremne, le 10 à Saint Geours de Maremne et ce vendredi 11 décembre à Angresse.
Dans les deux premiers élevages, près de 10 000 volatiles ont dû être abattus.
Sous surveillance
Cette accélération des cas de contaminations dans les élevages rappelle de mauvais souvenir aux éleveurs landais. Le secteur avait déjà été touché en 2016.
La préfecture a rappelé que "les personnes par leurs tenues, (vêtements, bottes...), les roues de véhicule, le matériel peuvent être porteurs du virus après avoir été en contact avec des oiseaux infectés, domestiques ou sauvages".
Elle appelle aussi "à la plus grande vigilance de tous les acteurs, notamment les éleveurs, les promeneurs, les chasseurs, les propriétaires particuliers de basses-cours, les autres détenteurs d'oiseaux et les vétérinaires pour tout mettre en oeuvre afin de se protéger contre la propagation de ce virus".
Pourtant, les professionnels l'assurent, ils ont "tiré les leçons de la crise de 2016-2017", a expliqué Jean-Pierre Dubroca, élu au pôle "palmipèdes" à la chambre d'agriculture des Landes. "Dès qu'on a une suspicion, tous les flux entrants et sortants, qu'ils soient humains ou animaux, sont arrêtés pour éviter la propagation".
Pour tenter d'isoler la progression du virus, non transmissible à l'homme, la préfecture a placé une douzaine de communes dans cette fameuse "zone de protection" tandis qu'une zone de surveillance plus étendue en inclut davantage.
La peur de la grippe de 2016/2017
Ce "retour" du H5N8 renvoie les éleveurs de canards de la filière gras du Sud-Ouest aux crises des hivers 2015/16 et 2016/17, quand des épizooties de grippe aviaire avaient engendré des abattages massifs : plus de 25 millions de canards (sur quelque 35 millions élevés en France) lors de la première crise, 4,5 millions lors de la deuxième.
La propagation du virus intervient alors que la profession connaît déjà des difficultés en raison de l'épidémie de Covid, qui a fermé les restaurants et supprimé les réunions familiales et festives. Et ce, à quelques semaines des fêtes de fin d'année, pic de consommation d'une filière dont les débouchés se répartissent à 40% en grande distribution, 40% en restaurants et le reste à l'export.