Moins d'ortolans dans le Sud-Ouest comme ailleurs

Une étude scientifique sur la population d'ortolans a été dévoilée dans les Landes. Elle était très attendue par les écologistes et par les chasseurs. Elle confirme le déclin de ces petits oiseaux migrateurs protégés qui font l'objet d'une chasse traditionnelle mais illégale, dans le Sud-Ouest.

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81.000 couples d'ortolans (dont 75% proviennent de Pologne) empruntent en moyenne la route atlantique passant par le sud-ouest de la France. Entre 20 à 30% de 2000 à 2014.

Actuellement, les populations nicheuses qui empruntent cette route atlantique diminuent en moyenne d'environ 1.500 couples chaque année, a expliqué Frédéric Jiguet, du Musée National d'Histoire Naturelle
Il a pris la parole lors d'une conférence de presse organisée à la préfecture de Mont-de-Marsan,
à l'issue d'une réunion avec de représentants d'associations écologistes et de chasseurs ainsi que des élus.

L'étude révèle que 90% des bruants ortolans ("Emberiza hortulana") passant en Europe, soit 4,3 millions de couples, empruntent une voie orientale, où le déclin atteint 10 à 20%.

Ces chiffres ont pu être déterminés grâce à des photomètres géolocalisateurs fixés sur une cinquantaine d'oiseaux, des données génétiques et d'isotopes stables.
Pour M. Jiguet, "ces taux de déclin ne justifient pas un risque d'extinction estimable" selon les règles de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui recense les espèces menacées.

"On a maintenant une base objectivée avec un rapport scientifique" sur ce sujet très polémique, s'est félicité le préfet des Landes, Frédéric Périssat.


Fin de la tolérance 


"C'est la preuve scientifique du déclin, il faut donc une tolérance zéro", a fait valoir Georges Cingal, président de l'association de défense de l'environnement Sepanso Landes.

La chasse à l'ortolan est interdite en France depuis 1999 mais une certaine tolérance, pour moins de 30 cages et cinq appelants, a longtemps été observée dans le département, où des condamnations ont cependant été récemment prononcées contre des chasseurs.

"Au regard de toutes les preuves qui attestent du danger d'extinction qui menace le Bruant ortolan en France, l'Etat doit définitivement tirer un trait sur cette vraie fausse tolérance qui s'appliquait encore récemment dans les Landes", a renchéri, dans un communiqué de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), son président Allain Bougrain Dubourg.

Du côté des chasseurs, la lecture n'est pas tout à fait la même. "Il y a des éléments favorables et d'autres moins. Notre intérêt est de préserver l'espèce mais aussi de maintenir nos traditions. On présentera des propositions", a réagi Jean-Jacques Laguë, président de l'Association des chasses traditionnelles à la matole, du nom d'une petite cage permettant de piéger l'oiseau.

L'étude est publiée alors même que la Commission européenne, après deux avertissements, vient d'annoncer qu'elle formait un recours contre la France devant la Cour de justice européenne sur la chasse aux ortolans, illégale dans l'UE.

Pour le sénateur socialiste landais Jean-Louis Carrère, "on peut conjuguer absolument la protection de l'ortolan avec la poursuite de coutumes auxquelles nous sommes très attachés". Selon l'élu, il faudrait "un plan de gestion européen pour cette espèce" et déterminer le seuil d'ortolans chassés à ne pas dépasser.

Mets prisé, entre autres, par François Mitterrand, l'ortolan qui est engraissé quelques semaines, noyé dans l'armagnac puis cuisiné, est plébiscité par de grands chefs français (Michel Guérard, Alain Ducasse, etc.) qui ont réclamé une dérogation, une fois par an, afin de sauvegarder cette tradition culinaire.
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