C'est une érosion qui n’avait pas été constatée depuis dix ans. La mairie de Biscarrosse dans les Landes a décidé de fermer les plages de la commune dès ce samedi 2 mars. Les intempéries et la météo des dernières semaines ont rongé le trait de côte.
À peine quelques mètres de sable séparent désormais les bâtiments de l’eau. C’est notamment le cas du restaurant La Playa qui surplombe à présent l’océan. “Quel désastre ! Plus ça va, et moins il y a de plage. L’hôtel va finir par s’écrouler et tomber à l’eau”, s’inquiète un résident.
Par endroit, la plage révèle ses enrochements, et dévoile un paysage qui surprend les habitués. “Je n'ai jamais vu ces pics sortir du sable, ni les rochers d'ailleurs. Ça fait peur”, confie Isabelle, une Biscarrossaise. Les habitants, premiers spectateurs de cette érosion rapide, ne peuvent que constater la disparition de leur plage. “Et dire qu’avant, il fallait marcher pour atteindre l’océan”, se souvient Marie, une habitante.
Ce spectacle, la commune de Biscarrosse le connaît déjà. En 2014, l’érosion du trait de côte avait atteint ce même pic. “Il y a une conjoncture d’éléments que nous avons connus il y a dix ans, avec moins de sédiments qui se déposent, des coefficients de marées hauts et des courants puissants”, détaille Hélène Larrezet. Le week-end des 9 et 10 mars, avec un pic mardi 12 et mercredi 13 mars, la plus forte marée de l’année, coefficient 117, est d’ailleurs attendue sur la façade Atlantique.
Fermeture des plages
Ce samedi 2 mars, la mairie de Biscarrosse sur la côte landaise a décidé de fermer les plages de la commune. “C’est un principe de précaution. La dune est érodée verticalement, en falaise de sable et il n’était pas possible de rétablir des accès sécurisés”, précise la maire de la commune, Hélène Larrezet.
Les intempéries de ces dernières semaines et surtout les fortes marées ont provoqué, par endroit, la formation de crevasses, mettant en péril la sécurité des habitués des balades hivernales. Le lac de la commune est également interdit. Des arbres, fragilisés par les vents et les sols détrempés, menacent effectivement de tomber. Les fermetures prévues pour le week-end pourraient se prolonger jusqu’au week-end prochain. “On voit au jour le jour, en fonction des conditions climatiques”, assure Hélène Larrezet.
Réensablement mensuel
Si l’érosion inquiète, la mairie se veut rassurante. “C’est un phénomène que nous connaissons bien. Chaque année, nous perdons du sable l'hiver et nous en récupérons plus tard”, explique l’édile.
Il y a des hivers plus ou moins agressifs, mais c’est un phénomène naturel que nous analysons depuis plus de vingt ans.
Hélène Larrezetmaire de Biscarrosse
Depuis, la commune œuvre, chaque année, pour réensabler les plages et consolider les digues. Le 9 mars, un premier rechargement de sable est prévu, entrainant également la fermeture des plages. “On adapte le calendrier et les volumes en fonction des hivers. Cette année, il y aura des réengraissements, plus importants en volume, chaque mois jusqu’en mai”, assure Hélène Larrezet.
Ces méthodes d’urgence, autorisées jusqu'en 2027 sont accompagnées d’une “stratégie” de long terme, pilotée par la communauté de communes des Grands Lacs. “Plusieurs actions sont lancées pour remodeler les dunes et leur redonner leur véritable rôle d’amortisseurs”, illustre Hélène Larrezet. Parmi elles, la renaturation de la dune est l’une des premières actions.
En parallèle, la commune planche déjà sur la réorganisation de la station balnéaire. “Il faudra relocaliser des bâtiments comme des équipements publics, afin d’éviter l’érosion accentuée par les sols bâtis”. Redonner sa virginité à la dune est un des objectifs de Biscarrosse. “Nous avons constaté à d’autres endroits du littoral que les dunes naturelles résistent mieux au phénomène d’érosion”, précise la mairie.
La commune de Biscarrosse fait partie des 20 communes d’Aquitaine soumises à l'érosion côtière, dont le nombre a plus que doublé en 2023. En Gironde, huit communes sont concernées, six dans les Landes et autant dans les Pyrénées-Atlantiques.