Après la destruction en début d'année du "Signal", cet immeuble trop proche de la mer, qui menaçait de s'écrouler, la nature a repris ses droits à Soulac-sur-Mer en Gironde. La commune lutte toujours contre l'érosion et réfléchit à de nouvelles actions.
C'est un immeuble qui dominait le front de mer, à Soulac, à la pointe du Médoc. Il ne reste désormais plus qu'une grande dune à la place. Après la destruction de l'immeuble de quatre étages, en février dernier, ce travail a été confié à l'office national des forêts (ONF).
"La commune a rapporté 48 000 m3 de sable que l'on a bloqué avec des branchages", explique Vincent Raynaud, agent local de l'ONF.
"On a canalisé la dune avec des clotures pour empécher le public de la piétiner".
Vincent Raynaud, agent de l'Office national des forêtsA France 3 Aquitaine
Des oyats, cette plante qui se nourrit du sable, seront plantés à partir de la Toussaint pour aider la dune à se stabiliser.
Inquiétude
Le Signal, qui menaçait de s'écrouler et avait été évacué en 2014 a été présenté comme un symbole de l'érosion marine qui frappe le littoral aquitain.
Si la belle plage centrale de Soulac n'est pas touchée par l'érosion, le phénomène continue d’inquiéter toutefois la commune à quelques kilomètres au sud, à la plage de l’Amélie. Ici, la falaise dunaire recule entre 5 et 8 mètres par an, surtout l'hiver avec le mauvais temps. Il n'y a pas de maisons ou d'immeubles à ce niveau-là mais la route qui vient du centre-ville passe à moins de 80 mètres de là.
La situation inquiète la municipalité et la communauté de communes qui ont installé une digue avec de gros rochers juste à côté.
"On continue de réfléchir à des stratégies de lutte contre l'érosion, soit une stratégie douce par du ré-ensablement ou alors coupler cela avec de l'enrochement pour essayer de faire baisser ce taux de recul".
Vincent Mazeiraud, ingénieur à la communauté de communes Médoc Atlantique.A France 3 Aquitaine
Sable de l'estuaire
Justement en remontant vers le village de Soulac, on voit le trait de côte reconstitué depuis cinq ans à chaque printemps avec du sable rapporté par des camions de la plage centrale. Mais la collectivité locale réfléchit aussi à une autre stratégie.
"On veut essayer de changer de méthode et faire venir du sable de l'estuaire avec un système hydraulique par bateau. Le sable serait recraché au travers de conduite", complète Vincent Mazeiraud.
Ce système est utilisé au nord de l'Europe. Il pourrait être testé au printemps 2024 ou en 2025. "On a l'autorisation et on doit lancer l'appel d'offres" dit l'ingénieur.
Piscines naturelles
La lutte contre l’érosion est une préoccupation majeure et ancienne à la pointe du Médoc. Dans les années 30, des brise-mer ont été édifiés sur près de trois kilomètres pour remplacer des épis de rochers aménagés dans l'eau dès 1841. Les brise-mer sont bien connus des habitants et de certains vacanciers qui aiment profiter de ces piscines naturelles. Mais ces édifices en béton armé se dégradent doucement et doivent être entretenues.
L’immense plage centrale de Soulac, résiste de son côté aux assauts de l’océan. Au début du XXè siècle, la plage était en situation érosive. L'arrivée d'un très large banc de sable au milieu du siècle a permis un "engraissement" naturel spectaculaire de la plage, c’est-à-dire un agrandissement.
Le retour à une situation érosive à partir des années 80 et les tempêtes de l'hiver 2013/2014 ont conduit à l'allongement d'un épi sur cette plage pour la stabiliser. "Elle a gagné plus trois hectares en 5 ans", remarque Vincent Raynaud.
Au-delà du tourisme balnéaire à conserver, Soulac doit continuer de composer avec espace naturel très en mouvement, sur terre et sous l’eau avec des courants de marée importants et une action des vents aussi sur les dunes. C'est une dynamique des plus complexes du littoral Aquitain.