Le Conseil constitutionnel confirme que les chasseurs doivent indemniser les agriculteurs victimes des dégâts causés par les gros gibiers. Une décision incompréhensible pour les chasseurs des Landes qui dénoncent le coût et l'inégalité de ce dispositif.
"C'est invraisemblable !" Le patron des chasseurs landais ne décolère pas après la décision rendue ce jeudi 20 janvier par le Conseil constitutionnel.
Les sages valident la loi qui oblige les chasseurs à indemniser les dégâts causés par les gros gibiers sur les cultures agricoles.
La fédération nationale des chasseurs (avec celle des Landes) avait saisi le Conseil d'Etat pour contester cette obligation légale instaurée en 1968. La question avait été renvoyée en octobre dernier devant le Conseil constitutionnel.
"On ne nie pas qu'il y a des dégâts. Oui, les chasseurs sont là pour réguler le nombre de gros gibiers au profit des agriculteurs. Mais indemniser les dégâts, ce n'est plus possible", explique le directeur de la fédération départementale des chasseurs des Landes.
En 2019, l'indemnisation des dégâts a coûté 2,5 millions d'euros aux chasseurs des Landes. On joue notre survie !
Régis Hargues, Directeur de la Fédération départementale des chasseurs des Landes
Un dispositif en sursis ?
Pour le patron des chasseurs landais, le principal problème est que le nombre de sangliers (principaux destructeurs des cultures agricoles) augmente depuis dix ans mais que celui des chasseurs diminue.
D'autant que cette chasse aux gros gibiers n'est pas une tradition du Sud Ouest, plutôt attaché à tirer des migrateurs.
"L'indemnisation des dégâts des gros gibiers a laissé une ardoise de 1,6 million d'euros dans les comptes de la fédération des chasseurs des Landes en 2019" s'inquiète Régis Hargues.
C'est la pérennité du dispositif d'indemnisation qui est en jeu. Le monde agricole l'a bien compris dans les Landes. Il y a une prise de conscience, je m'en réjouis.
Régis Hargues
Juridiquement, ce sera compliqué d'aller plus loin, confie le patron des chasseurs des Landes. Il réfléchit à présent à réunir autour d'une table les différents acteurs du dossier pour repenser l'avenir du mécanisme actuel.
(La chambre d'agriculture des Landes, sollicitée pour réagir, n'a pas donné suite à notre demande d'interview)