Ce vendredi 12 janvier, Futur Asso cible de nouveau l’élevage de porc landais Novoporc. Troisième épisode d’une campagne de dénonciation des conditions de travail, l’association fait cette fois témoigner deux anciens salariés.
Elle n'en a pas fini avec l'élevage landais. Ce vendredi 12 janvier, l’association Futur Asso publie une nouvelle vidéo ciblant Novoporc, un élevage de porcs à Mant, dans les Landes. “ En voyant la vidéo des premiers lanceurs d’alerte S. et son mari ont décidé de témoigner à leur tour, abasourdis de voir que la situation, loin de s’améliorer, a empiré depuis plus de 20 ans”, précise l’association dans son communiqué.
Sans formation
Cette fois, un couple d’anciens salariés décrivent les conditions de l’élevage, 25 ans plus tôt. Ils ont été embauchés en 1997, “sans aucune formation”. “On a tout appris sur le tas, on n'avait pas du tout d’expérience dans le milieu”, précise S., une ancienne employée de l’élevage. S. est entrée dans l’entreprise à 19 ans. “Dès que quelqu’un se présentait et était intéressé, il était embauché”, explique-t-elle. Elle découvre rapidement la violence de son quotidien.
La stérilisation des porcelets se faisait à vif. On leur coupait les queues et pour les dents, on les coupait avec une pince, sans les meuler.
S.Ancienne employée de Novoporc
Son mari, qui témoigne à visage découvert, raconte les pratiques de l’élevage. “On avait un lasso, un câble en acier avec une poignée. On l’attachait à une patte et on traînait la bestiole sur le sol”, confie-t-il.
Dans la vidéo diffusée par l’association, S. se souvient d’ailleurs d’une action, qui l’a traumatisée." On nous demandait de tuer les bébés trop chétifs parce qu’ils mettaient la portée en retard, même s’il était possible de les sevrer plus tardivement”, explique S. Selon cette ancienne employée, elle devait alors “prendre l’animal par les pattes arrière et cogner fortement son groin contre un mur ou le sol”.
Un geste trop douloureux pour celle qui était alors étudiante. “Mon chef m’a prise à partie devant tout le monde pour me dire qu’il fallait que je le fasse”, se souvient-elle. Si elle a tenté d’obéir, elle finira par cacher le porcelet dans sa tenue, avant de l’emmener chez ses parents, où “il a grandi dans un champ”.
Accidents de travail
À ces actes de maltraitances, déjà documentés dans les deux précédentes vidéos de Futur Asso, le couple dénonce aussi cette fois des pressions et un risque accru pour les personnels. “On n’était pas formés. Quand on doit faire un prélèvement de sperme sur un verrat de 400 kg, avec des dents comme ça, s’il met un coup de tête…”, laisse en suspens cet ancien employé dans les années 2000.
Des risques accrus par des cadences de travail soutenues. “Le week-end, on était deux et il fallait vacciner mille truies reproductrices. On avait la même aiguille pour cinquante truies. Ce sont des pistolets avec un compartiment qui contient du liquide”, détaille S.
Une opération dangereuse dont le couple à tous les deux fait les frais. Le mari de S. s’injecte par inadvertance du fer. Son genou quadruple de volume. S., quant à elle, s’injecte par inadvertance un vaccin, décrit Futur Asso, dans son communiqué.
À un moment, l’animal a bougé, j’ai pris l’aiguille dans le genou. J'ai été malade, hospitalisée sous aérosols et oxygène.
S.Ancienne employée de Novoporc
Son mari, a lui passé plusieurs jours à “40,1 degrés de fièvre”. Pour S., cet épisode a été sa “porte de sortie”. “Le médecin du travail m’a déclarée inapte”. Selon Futur Asso, elle aurait alors repris ses études pour devenir institutrice.
Pressions extérieures
Malgré la fin de leur collaboration avec cet élevage, le couple confie avoir subi des pressions extérieures de la part de l’exploitant. “Il m’a dit que je ne trouverai de boulot nulle part. Il avait de l’influence : dans le village voisin où nous nous sommes installés, on n’était aimés de personne, les voisins ne nous parlaient pas”, glisse S.
Pour Futur Asso, ces pressions sont issues du statut des propriétaires de l’entreprise. “Son président actuel, Jérémy Lapeyre, était président de la commission élevage au sein de la Chambre d’agriculture des Landes jusqu’à la diffusion des premières images d’enquête en décembre 2023 où il a décidé de se mettre en retrait de son poste”, indique l’association dans son communiqué.
Depuis sa création, l'élevage Novoporc est détenu par des personnages clés dans l’économie locale.
Futur Assocommuniqué de presse
Futur Asso demande la fermeture de cet élevage. Leur pétition recueille désormais plus de 30 000 signatures à ce jour. Le 13 décembre dernier, la Préfecture des Landes avait ordonné à Novoporc de mettre en place une série de mesures sous un mois, sous peine de fermeture définitive de l’élevage. Le verdict est prévu pour ce lundi 15 janvier.