Une assistante maternelle a été condamnée jeudi 9 novembre, par le tribunal correctionnel de Mont-de-Marsan, pour des faits de violences verbales et physique à l'encontre de deux enfants. La mère de l'un d'entre eux l'avait enregistrée grâce à un micro dissimulé dans une peluche.
"Elle hurle sur mon enfant. Elle lui dit explicitement ' je vais t'éclater la gueule' ". Sandra Neumann a tout entendu de ces paroles, d'une violence rare. Manque de bienveillance. Insultes. Cette maman se dit aujourd'hui "dévastée" des sévices perpétrés par son assistante maternelle à l'encontre de son fils Siam, dont l'âge n'excédait pas les deux ans au moment des faits.
Et si ces agissements ont pu être avérés, c'est grâce aux enregistrements audio, fournis par la famille lors du procès. Des sonores explicites que Sandra Neumann a pu obtenir par le biais d'un micro, dissimulé dans la peluche du petit garçon.
Des enfants traumatisés
Elles sont deux mamans à témoigner devant le tribunal correctionnel de Mont-de-Marsan, ce jeudi 9 novembre. Toutes deux expriment une même méfiance à l'égard de leur nounou, des mêmes changements de comportements de leurs enfants lorsqu'ils reviennent de chez elle, des marques sur les bras. "Ils refusent de s'approcher des toilettes, d'être changés, d'être touchés. Ils hurlent très fort, un refus de sommeil, plein de choses nous interpellent", liste Sandra Neumann avant le procès. "J'avais quand même un enfant qui se tapait la tête contre le carrelage de colère, de chagrin, car il essayait de nous signifier des choses", abonde Sophie Sanchez, maman du petit Antoine, qui a lui aussi été victime de l'assistante maternelle.
Parallèlement, les voisins tentent de les alerter. L'un d'eux indique avoir aperçu la nounou lors d'une promenade et l'avoir vu agir de manière "violente". Progressivement, le petit Siam tente de verbaliser les violences qu'il subit : "Nounou bam pieds", répète-t-il à sa mère toute une semaine. Mais jamais les mamans ne parviendront à avoir d'explication de la part de l'assistante maternelle, qui ne leur fait état d'aucun incident particulier.
Un micro caché dans Mickey
C'est alors que les mamans décident conjointement d'agir. "J'ai commandé une clé enregistreuse que j'ai glissée à l'intérieur du doudou", détaille Sandra Neumann. Et là, on a tout entendu et l'enfer s'est déchainé sur nous." Les enregistrements viennent malheureusement confirmer les craintes des parents.
On a entendu des choses extrêmement violentes. Elle ne s'occupe pas de lui, elle lui hurle dessus.
Sandra Neumann, maman de Siamà France 3 Aquitaine
"Mon fils est en train de jouer avec des feutres et on l'entend l'insulter de « con ». Il réclame à boire, en vain. Il pleure, car il vient d'être déposé et donc elle lui hurle dessus de s'arrêter", raconte la maman de Siam, péniblement. L'écoute est douloureuse et le sentiment de culpabilité grandit. "Je n'ai pas su le protéger."
"C'est un an et demi de souffrance pour les enfants qui ont été gardés par cette dame, lâche l'autre plaignante, Sophie Sanchez. Un an et demi de souffrance pour les parents qui vivent ça au quotidien, car il y a des séquelles, une vie bouleversée, des stress post-traumatiques."
Sophie Sanchez évoque des "troubles hyper anxieux, des réveils la nuit". Son fils, Antoine, a depuis un suivi psychologique hebdomadaire. Le quotidien de la famille se trouve complètement bouleversé. "Tout doit être prévu sinon ça le met dans une profonde anxiété, ça se traduit par des cris, de la violence, du chagrin... Plein de choses qui bouffent et grignotent le quotidien", déplore-t-elle.
Harcèlement
Immédiatement, l'assistante maternelle, qui nie les accusations, est congédiée. S'ensuit une longue période de harcèlements, d'appels malveillants et de SMS de menace.
Tous les deux, trois jours elle me disait qu'elle allait me détruire, s'en prendre physiquement à moi.
Sandra Neumann au sujet de l'assistante maternelleà France 3 Aquitaine
"Un commandant de police l'a appelée et lui a dit d'arrêter, car une enquête était en cours et que tout pouvait se retourner contre elle", explique Sandra Neumann, précisant "attendre beaucoup de la justice". Pour ces appels malveillants, l'assistance maternelle, âgée de 57 ans, écope de deux ans d'interdiction d'entrer en contact avec les victimes. Elle devra également leur verser plusieurs centaines d'euros de préjudice.
Pour les faits de violences, le tribunal correctionnel de Mont-de-Marsan la condamne à six mois de prison avec sursis et dix ans d'interdiction d'exercer avec les mineurs. Quant aux accusations de violences physiques, elles n'ont pas pu être retenues par le tribunal, car non prouvées par les enregistrements. Les enfants, jugés trop jeunes au moment des faits, pour témoigner, n'ont pas pu être entendus. Ce que déplore Sophie Sanchez. "Mon enfant me demande pourquoi est-ce qu'elle le tapait, si elle va revenir..."
On ne peut pas faire semblant. Pour moi, il est essentiel que ces paroles soient entendues.
Sophie Sanchez, maman d'AntoineFrance 3 Aquitaine
"On ne parle pas de ça à la maison, car on ne veut pas remettre un pâté sur ce qui est déjà difficile, mais lui verbalise déjà, du haut de ses 3 ans et demi", précise-t-elle.
Malgré les preuves apportées, l'assistance maternelle, qui perd par ailleurs son agrément, continue de contester les faits qui lui sont reprochés. "Elle a été détruite, elle pense à faire appel", indique son avocat Me Ville Ospital. Si la nounou ne pourra plus exercer auprès des enfants, les parents soulèvent néanmoins le problème qu'elle puisse s'occuper de personnes âgées.