Plusieurs commerçants de la place des Laitiers, à Agen, ont jusqu'à lundi 13 novembre pour baisser le rideau. En cause, un arrêté de mise en sécurité qui indique que trois bâtiments risquent de s'effondrer, car un mur porteur est fortement dégradé, faute d'entretien des propriétaires.
La nouvelle a du mal à passer. Lundi 13 novembre, quatre commerçants de la place des Laitiers, à Agen, devront avoir fermé boutique. "C'est une activité que j'ai depuis dix-sept ans, et tout s'arrête du jour au lendemain", s'émeut Fabrice Cousinet, propriétaire du café Le Glacier. Lui et ses six salariés vont évacuer les lieux dans le week-end, et ce, pour une durée indéterminée. "On sait qu'on va fermer pour quelque mois, les travaux vont être longs."
Un mois pour réaliser un diagnostic complet
La décision a été prise en fin de semaine. Lors d'une expertise réalisée au-dessus du restaurant La P'tite Cuisine, un mur porteur, entre les trois immeubles, apparaît très dégradé et menace de s'effondrer. La municipalité est directement saisie et décide de prendre immédiatement un arrêté d'urgence de mise en sécurité, en date du 3 novembre. Les commerçants concernés disposent de dix jours pour évacuer les locaux. "Si on prend cet arrêté, c'est pour aller le plus vite possible, précise Jean Dionis, maire de la ville. Dans le bâti ancien, vous pouvez avoir des accidents qui sont graves."
Ma responsabilité à moi, c'est d'avertir, mais surtout, d'accélérer les travaux de réparation.
Jean Dinos du Séjour, maire d'AgenFrance 3 Aquitaine
Les propriétaires, quant à eux, ont un mois pour réaliser un diagnostic complet et 60 jours pour effectuer les travaux requis. "Après cette date, c'est la mairie d'Agen qui s'en saisira et qui leur fera parvenir la facture", indique l'élu.
"Déçu et en colère"
Pour les commerçants, "le choc" est d'autant plus fort que la décision est rapide. En début de semaine, certains d'entre eux ont appris la fermeture par l'arrêté de mise en sécurité, placardé sur leur vitrine par la municipalité. Comme Aziz Adjaoud, propriétaire de la boutique Valentine sous les cornières. "On se retrouve les pieds et poings liés, déplore-t-il. Pour le gérant, la question est maintenant de savoir ce qu'il va faire de son stock qui a augmenté de 30 à 40 % en vue des fêtes de fin d'année. "Je ne vais pas les renvoyer à mes fournisseurs, mais je ne sais pas où je vais les mettre."
Juste à côté, Martin Cuny, gérant du restaurant La P'tite Cuisine se dit "en colère". "J’ai 10 jours pour vider et fermer mon restaurant dans lequel j’avais tout mon cœur et énergie depuis plus de cinq ans et entraînant avec moi toute une équipe", écrit-il dans une publication Facebook. Et d'ajouter : "Ce n’est, j’espère, qu’un au revoir."
Des salariés en chômage technique
Au Glacier, café emblématique de la place des Laitiers, le compte à rebours est lancé. Six salariés se retrouvent, dès samedi, en chômage technique. "Ils ne vont toucher que 80 % de leur salaire, pointe le propriétaire, Fabrice Cousinet. J'ai un couple qui vient d'arriver chez moi, qui vient d'acheter une maison, ils se trouvent désœuvrés."
Sur la terrasse, les habitués profitent de ce dernier sursis. "Ça va me manquer beaucoup, car j'aime beaucoup ce café, c'est un endroit où les gens se rencontrent, on est là pour voir et se faire voir", confie l'une des clientes, déjà nostalgique.
La municipalité espère que les propriétaires concernés feront leur maximum pour faire accélérer les démarches. "On n'a plus le temps de procédures qui trainent sur ce dossier", insiste Jean Dionis du Séjour. Jusqu'au démarrage des travaux, un périmètre de sécurité va être mis en place.
