Ce mercredi 8 novembre, les agriculteurs, portés par la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, se sont donnés rendez-vous à Agen pour manifester leur "ras-le-bol". Ils s'opposent notamment à l'arrêt de la détaxation du gazole non routier et à la hausse de la taxe foncière.
200 agriculteurs, une soixantaine de tracteurs, selon les chiffres de la préfecture. Le ton est donné dès 10 heures, sur l'esplanade du Gravier, à Agen. Ce mercredi 8 novembre, la Coordination rurale du Lot-et-Garonne a appelé à une manifestation d'envergure visant à dénoncer ce qu'elle appelle "le racket de l'État".
Le message est explicite. Dire "stop" au comportement abusif du gouvernement, qui a décidé jeudi 3 novembre, de mettre fin, d'ici à 2024, à la détaxe sur le gazole non routier, dont bénéficient certaines professions, dont les agriculteurs. "On veut nous enlever le seul avantage qu'on a, la seule aide dont on peut bénéficier, c'est inadmissible", fulmine José Perez, co-président de la Coordination rurale du département.
Les agriculteurs "submergés par les taxes"
Outre la fin de cette détaxe, le syndicat agricole dénonce la baisse de la politique agricole commune et la hausse de la taxe foncière qui les "submerge d'encore plus de taxes". "Elle a pris 20 à 30 %, on nous plume, peste José Perez. Vu le prix des carburants aujourd'hui, nous on n'y arrive plus."
Les tracteurs, chargés de fumiers, de lisier et de pneus, ont tous convergé vers la place Armand-Fallières, où ils devaient rencontrer le préfet, Daniel Barnier entre 12 et 14 heures. Une rencontre toujours incertaine et qui pourrait être annulée "si on continue à apporter des déchets devant la préfecture", indique José Perez, qui copréside la Coordination rurale du 47 avec Karine Duc. "Mais c'est notre seule façon de montrer notre révolte, abonde-t-il, c'est voir la considération qu'il porte au monde agricole…"
Les CRS ont été déployés peu avant 11 heures place de la préfecture, mais pour l'heure, aucune dégradation n'est à déplorer. Seules des tonnes de fumiers ont été déversées devant les grilles de la préfecture, également arrosée de lisier. Le tribunal judiciaire, la direction départementale des finances publiques et la direction département de l'emploi, du travail, des solidarités et de la protection de la population ont aussi été la cible du syndicat agricole.
Selon des informations du journal Sud Ouest, des pneus ont recouvert l'entrée de la permanence de Michel Lauzzana, parlementaire Renaissance de la première circonscription.
Opération escargot
"On ne va pas en rester là", annonce José Perez. Dans l'après-midi, les manifestants avaient prévu une opération escargot dans la ville d'Agen. Dans un communiqué, la préfecture de Lot-et-Garonne appelle les habitants à "éviter le centre-ville".
Ils ont ensuite emprunté l'A62 en direction de Bordeaux, en bloquant par ailleurs les accès à la sortie 7 d'Agen qui ont généré "des remontées dangereuses de véhicules à l’arrêt sur l’autoroute", selon la préfecture. "Des déchets agricoles ont été déversés à la sortie 6 de l’A62 sur la commune de Damazan", informe également la préfecture.
En France, on est les agriculteurs les plus propres du monde, on fait attention à ce qu'on fait sur nos sols, mais on nous impose tous les jours plus.
José Perez, coprésident de la Coordination rurale du 47à la rédaction web de France 3 Aquitaine
L'annonce de la fin de la défiscalisation, par le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, intervient dans un contexte de crise du milieu agricole. "Tous les jours, des agriculteurs se suicident, souligne le coprésident de la coordination rurale. C'est inacceptable. Aujourd'hui, ils sont effrayés de ne plus y arriver."
Le mois dernier, les deux présidents de la Coordination rurale sont parvenus à rencontrer le président de la République. Pas suffisant selon José Perez qui souhaite que la préfecture fasse remonter de nouveau leurs revendications à l'État. "On n'est pas résignés", tranche-t-il. Dans un communiqué officiel, la Coordination rurale réclame "un plafonnement du gazole non routier à 1€/litre".
Mais le relai institutionnel pourrait bien ne pas répondre favorablement à cette demande. Après la manifestation, la préfecture regrette des "agissement inadmissibles" et souligne la volonté des manifestants "de s'en prendre aux services de l'État" qui ont "exclu toute possibilité de dialoguer avec les organisateurs".
L'augmentation progressive du prix du #GNR ? 𝗖'𝗘𝗦𝗧 𝗡𝗢𝗡. La situation financière des #agriculteurs ne le permet pas ! La CR demande un plafonnement du GNR à 1€/litre.
— Coordination Rurale (@coordinationrur) October 27, 2023
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La manifestation est particulièrement suivie dans les départements voisins. Dans le Tarn-et-Garonne par exemple, du côté de Montauban, les agriculteurs organisent des blocages sur la rocade.