Malgré les mobilisations du début d'année, la crise agricole continue de faire des dégâts. En voici l'illustration avec ce céréalier de Rieumes en Haute-Garonne. Au bord de la faillite personnelle, il tente de s'en sortir en bénéficiant d'une initiative originale : une cagnotte participative lancée pour lui par une amie.
La situation des agriculteurs ne s'est pas arrangée cette année. Ils sont de plus en plus nombreux au bord du gouffre et le taux de suicide ne cesse de progresser. Des initiatives personnelles sont lancées.
170 hectares et des dettes
Eric Spilmont a des journées très chargées. Aujourd'hui il s'occupe du blé. Et demain il faudra penser aux mais. Pour cultiver ses 170 hectares à Rieumes, Eric court tout seul, après le temps. Après les dettes aussi.
[] Les prix des céréales et des oléagineux soutenus par les tensions européennes https://t.co/LRjS5fb9Vy
— La France Agricole (@FranceAgricole) September 13, 2024
"Quand on a tout payé, tout vendu, il ne vous reste rien", raconte Eric Spilmont. "La trésorerie c'est vraiment très compliqué". Les finances d'Eric sont dans le rouge. La coopérative le paie moins et le prix des engrais flambe.
"J'ai un autre emploi à côté"
Il manque à Eric plusieurs centaines de milliers d'euros. Alors l'agriculteur a dû prendre une décision radicale : "j'ai un autre emploi à côté la nuit", poursuit Eric.
"Il fallait bien reprendre une seconde activité, pour pouvoir vivre quoi, vu qu'on ne vit plus de ça".
Au champ le jour et au volant d'un camion la nuit, Eric enchaîne les journées longues. Jusqu'à 14 heures de travail quotidien. À la maison, sa mère, Christiane, sa mère, aujourd'hui âgé de 78 ans. Elle tente de mettre de l'ordre dans les papiers et les factures.
Des soutiens précieux
"Je souhaite vraiment qu'il se sorte de là", confie Christiane. "C'est surtout pour pouvoir régulariser sa situation avec tous ces gens, à qui il doit de l'argent. Arrêter maintenant, ça signifie planter tout le monde. Et ça, ce n'est pas dans sa nature. Il ne veut jeter l'éponge."
Selon le chercheur de l'INRA Nicolas Deffontaines, la surreprésentation des #agriculteurs dans les taux de #suicide est un phénomène "stable", qui dure "depuis au moins quarante ans" #AFP pic.twitter.com/QepUiGbwiN
— Agence France-Presse (@afpfr) October 15, 2018
Tenir, Eric n'a pas le choix. À 58 ans, il pourrait perdre sa maison en cas de faillite. Il est aidé par l'association Solidarités Paysans, mais aujourd'hui c'est surtout l'initiative d'une amie d'enfance qui lui redonne espoir."On a eu peur pour lui ", témoigne, Nathalie Martin, initiatrice de la cagnotte.
12500 euros récoltés
Elle poursuit : "On entend parler du taux de suicide chez les agriculteurs, qui augmente en France. C'est une véritable hémorragie. Et donc on a essayé la cagnotte. Et ça fonctionne. Il y a une vraie empathie pour les agriculteurs en difficulté en France."
"Moi je suis un exemple, dont on parle aujourd'hui, mais il y a tant d'autres agriculteurs en difficulté", rajoute Eric. "J’espère surtout que le fait d'en parler leur servira à eux aussi". Sur Leetchi, la cagnotte "sauvons un agriculteur en détresse" a déjà dépassé plus de 12500 euros.